J'arrive sur une improvisation de Sébastien Palis (pianiste ou accordéoniste de Papanoshet Voï Voï Uccelli, duo avec Frédéric Jouhannet au violon, remplacé par Clément Janinet pour cette date) à la Köln Konzert de Keith Jarett (par son côté rythmique)ou leur Tutti Gli Uccelli  Della Citta pour le côté obsessionnel de Voï Voï, ici en mode Balkaniquesur le violon en pizzicato et au magnétophone,  un bourdon vocal passant du chant au cri rauque, éraillé se muant en crin de cheval morin khuur dans l'aigu! C’était, pour la voix, Una nota, un bourdon sur une note unique de la chanteuse Suèdoise Linda Olah!

 

C’est la « Première d'Uccelli » (oiseaux en italien, mais avec l’idée que leurs amis humains enregistrés sur leur magnétophone le soient aussi!)

La pièce suivante est inspirée d’une musique Tcherkesse,  préservées par l'enclavement géographique de la montagne et politique du communisme, collectée par Bulat   Khalilov qui a un label où il sort ces collectages!

Un accordéon aux harmonies inouïes avec percussions pédestres? Puis le jeu live où le violon reprend au vol les notes pour les continuer sur piano devenu percussif par préparation et rebonds intérieurs! Le violon arrive presque a retrouver les intonations et le son de l'accordéon Tcherkesse! Le piano dans sa rythmique obsessionnelle hypnotiqueteintée de jazz et de soul fait penser Steve Reichou se refléter en miroir de Philippe Glass!

Pour la pièce suivante, Palis a demandé au poète, chanteur, et saxophoniste Roy Nathanson   avec qui collabore Papanosh un texte sur la ville et il a écrit « Thoughts »  que les pensées quand les gens partent au travail le matin, partent a la recherche d'oiseaux dans les rues, se cherchent confuses et tentent d'atteindre la baie sssea sssseaea!

Accompagné en live d’un beau pizzicato avec piano! De Sea Nathanson arrive a Symphony! La saveur émotionnelle de sa voix et de ses mots entre Kerouac et Patti Smith ou Anthony Joseph! « Someday our thoughts come back to the city »!

Même motif piano violon!

Puis Palis met des crécelles dans le piano! Passage et La terre par Bernard Combi  du Limousin, Nord du Sud à la roche noire ou il fait froid, qui récite des poèmes de la poétesse Marcelle Delpastre qui est restée dans sa ferme  « nous n'avons pas aimé assez pour mériter la terre »! D’abord « trois portes » détaillées, « il faut couper la corde» puis ils improvisent sur le son de la pluie limousine, et autre clapotement, le piano se fait balafon! Au loin les cris de Combi! Puis magnifique «Nous n'avons pas aimé l'hiver, ni la pensée qui dépasse la pensée! Nous n'aimions pas les lendemains! Nous regrettions nos certitudes! Nous aimions le pain et par dessus tout le voyage! Nous n'aimions pas la terre assez pour y rester. »  Ce texte me fait venir les larmes aux yeux! Puis violon tremblotant  de l'archet et la rythmique liquide magnifique liquide  obsessionnelle et envoûtante sur le piano, palis frappe a côté du piano!

Bourdon du violon de violoncelle sous l'archet ou Les Regretsde Ste Colombe qui comme scie de haut en bas!

Il y a un an au concert de Papanosh,  où les interviews de réfugiés m'avaient bouleversé, je lisais Visions de Cody et la préface de Ginsberg et extraits de Kerouac sur le magnéto pour enregistrer eux leur vie, comme Uccelli ces oiseaux humains qui sont humains et artistes!

Une anglaise chante magnifiquement puis explique et reprend une chanson sur la beauté du monde "oh the world iis beautifuuull!" Diction et mélodie magnifique!

Et à nouveau ces extraits de réfugiés sur leur « maison », « Home »  : « y’a les parents les cousins les amis tout le monde mange ensemble et aussi des fois y a les pigeons » puis quelques chants de l'est « rain rain go away come an give anotha day »!

On n’est pas loin de Chassol non plus et de ces projets ou l'enregistrement live insuffle la vie des autres a leur musique!

Et cette réflexion magnifique « je trouverais appartement plus grand mais je trouverais pas voisine plus âgée aussi compatissante et sympathique! » (Pièce créée pour Home de Papanosh avec femmes de Lasci a Clichy-Sous-Bois!

Clément Janinet remplace Jouhannet! J'ai trouve un disque de lui OURS ()  que j'ai emprunté en cherchant un disque Joachim Florent qui va revenir avec Corneloup Révolution!

Dernière pièce d'après Karoline Wallace, chanteuse norvégienne « niii ster et ganle ser » (https://www.lesvibrantsdefricheurs.com/voivoi) ! Elle en traduit une ironique sur un petit garçon très curieux mais trop au point de tomber dans la rivière! J'aime cette langue inconnue et plus cette mélancolie épique des vieilles ballades que la violence de (il y a 2 ans)! Palis l'''accompagne de piano percussif puis touches et de l'intérieur du piano!

Autre chanson norvégienne tragundu et rire de source fraiche norvégienne sur les clusts piano! Bref j'ai préfère ce projet de Voï Voï a leur disque car ces enregistrements donnent du sens autour duquel ils improvisent! 

En deuxième partie, on pouvait entendre Claudia Solal et Benjamin Moussay! 

Ce duo existe depuis 10 ans et Porridge Days  puis il y a 2 ans Butter in my brain ()!

Claudia Solal est la fille de Martial Solal , c'est l'un des plus grands pianistes de Jazz Français. Il a composé entre autres la musique d' « A Bout De Souffle » de Jean-Luc Godard (à voir ou revoir demain Mercredi 24 avril sur Arte), joué des centaines de standards, mais aussi dirigé un orchestre très moderne avec la jeune scène jazz française comme son Newdécaband où chantait sa fille Claudia avec qui on avait pu la voir au premier Jazzlab!

Ce soir elle apparaît en habit de lumière cosmique

(on a pu l’entendre dans Les Voyageurs de L’Espace),

cheveux plus longs comme sur Porridge Days que courts comme Buttter in my brain!

« Nous allons Commencer par le commencement, le premier morceau de Butter in my brain « the grass is greener »« l'herbe est plus verte ailleurs » autrement dit « dans l'assiette de son voisin », présente-t-elle avec de touchantes hésitations dans la voix, comme son chant allonge les voyelles!

« KeEeeep on walking » Va chercher ta propre herbe au lieu de lorgner celle du voisin? sur un piano à la cage,  le chant s'allonge en voyellesou se ramasse autour des mots, les mots se font souffles et soupirs jusqu'au silence, et le piano s'amplifie sans transition de l’électricité colosséenne du rhodes aux attaques francheset chorus perlés!  La phrase « The grass is no greener there » vient a la fin!

Ils poursuivent avec Nightcaps (bonnets de nuit ou tisane) for sparrows(moineaux, oiseaux comme Uccelli)! Le piano pique en picorant piquetant l’électricité! « If i was like a sea shore», Moussay passe d'un cote l'autre du piano tout du long comme je l'ai vu faire une nuit au piano bar! J'aime bien la seconde ambiance « Content yourself at most/ Be Nothing but the ghost Of my tourment/ (door mental) », plus rythmique et un rien chassolien comme si Claudia était le colibri des lignes continues de moussay sur son piano, « l'oiseau mouche perché sur le grand mur du son» de La Chansonde Nougaro sur une musique de Michel Legrand!  Mais son solo  est plus viennois dodécaphonique! Claudia Solal se fait aussi en chantant comédienne, tragédienne de tragédies grecques personnelles de « Small Wars » dans avec le clavier de Porridge Days! Là encore les Nightcaps For Sparrowsarrivent là encore a la fin, comme si la chanson n’était pas issue mais à la recherche, en quête, avec suspens, de son titre!

Ils ont 16 ans tous deux de duo, « elle a commencé à 5 ans, moi à 3 mais ils ne font pas leur âge!» Je ne sais pas si c'est à 5 ou 3 ans de carrière ou de vie!

Ces chansons ne parlent pas que d'elle dit Claudia Solal! « The house that Jack built »  n'a pas de verdure autour (d’après le film de Lars Von Trier avec Matt Dillon et Bruno Ganz?)! Commence au clavier avec un côté Björksur les crêtes émotionnelles comme sa version de Cheek to cheek, le premier standard que Clara ait chanté ou A Foggy day! Puis piano et voix paradoxalement plus pop  « I  need more green pastures, more windows, more sky! ».

Puis début Bjorkien sur piano résonnant d'échos intérieurs!

« Sooooooo faaaaaaar iiiiiiiii admiT felle the duty (3 fois) of authority » mais texte a la main, livre ou cahier ? Comme avec son père puis feuille volante! Cette « fille de Joyce » pour Michel Contat dans Télérama ou  sœur textuelle d'Emily Dickinson mixe ses textes en direct! Et pousse des cris suraigus comme hantés de ses/leurs univers cauchemardesques,  puis le clavier de Moussay lui tinte les reflets d'un sol mouvant, liquide a se noyer comme dans son titre Swimming Pool qui semble avoir sur ses angoisses un effet apaisant, consolateur  léthargique, thérapeutique, changeant les cris en berceuses un peu à la  « Tara's Room »  avec Spoon Box, un groupe de Claudia entre leurs deux albums dont Moussay fit partie.

Ils poursuivent avec « Multitrack (boys &) Girl». « Maybe i'm a ... Girl »  sur un synthé  de « bass statio   , Moussay rythme sourdement d'un sample lourd et de claquements de doigts ou pic-vert ou de coups de pied sur le sol  et Clara de sa main à elle sur sa cuisse étoilée! Sur laquelle elle pose l'allant de cette chanson plus pop! « I'm multi track girl »  et son explication vient au milieu avant un son de clavier énorme a fait trembler  le plancher, le parquet  sur « Gone»de Miles Davis dans Porgy & Bess ! Multi-track « Electric » d'influences peut-être! Et finissent ensemble sur « No No No» !

Maintenant leur « tube », « Butter in brain » qui donne son nom a l'album qu'ils ont fait chanter jusque dans le sud-est de la Chine il y a quelques jours! Moussay essaie de nous apprendre a chanter « butter in my brain» comme la mélodie allemande de lieder!

« My room has no angles just like my body has no anches »,  autre chanson sur foyer comme  son « Double Rabbit », trou hanté d’électronique, puis transformations/ métamorphoses « becomes rocking chair becomes fish dish becomes rocking chair becomes fish by dish »! Lieder leader jazz pop!

Puis vagues pianistiques  tristaniennes de Turkish Mambo (en hommage au producteur turc de son label Atlantic Ahmet Ertegun qu’il partageait avec Ray Charles)  étalant ce beurre spirituel puis plus rythmique, lourd, pompe contempo mais en revient à Butter in my brain! Le tartinage du texte du cerveau a la voix se fait par grands ou petits coups!

Ils enchaînent en fondu avec « I confess »  « i could be... I conFfess you could be miiiine but the girl. I confess i can have sleep now » sur une mélodie de piano debussyste s’enflant de nappes progressives d’électricité pop(comme le solo de leur « foggy day » délitant la mélodie » écrivait Claudia dans les liner notes de Porridge Days),  puis scat lent, mais elle scatte différemment, plus dans le son allongé que le mot en émotion et chant, comme Hellen Merrill sa voix de brume dans « Blue Gardenia »qui fait des mots de la musique, Claudia des mots une poésie lettriste plus attachée au sens, mais ce sont SES MOTS dont elle fait son beurre sur ce nouvel album après sur Porridge Days ceux de John Hendricks sur les mélodies de Monk comme Monk's dream en hommage à Carmen Mc Rae  et In a walked Bud (Powell) !

En bis, elle termine par un inédit « Mummy » en hommage aux mamans « textes qu'elle a écrits à l'avance »! Moussay trouve dans les profondeurs du claviers des échos amniotiques ou à travers les murs de la chambre d'enfant! « Mummies are at work! Mummy likes cooking! Mummies in their bath mummies superstitious? Who hou hou am i » puis criiiiiiiiiii « whoohouu tell me who I am » (les mères doivent-elles nous dire QUI nous sommes ou nous laisser être QUI NOUS SOMMES ?)   « mummy takes the train but prefer the bath! »  Elle bégaie sa généalogie « My ma ma ma my mother my mamama sissster ma ma ma my aunt ma ma my grand grand great great momomo-ther!l », remixe et recompose les mots en live! Demande a la mère qui elle est cause « i don't really know! » Les mères, entre le  travail qui  les rend indisponibles et l’étouffement de leur présence?

Jean Daniel BURKHARDT

Photos  Patrick Lambin

Prochain Concert: