Le disque Even Better a éte enregistré l’an dernier par le Very Practical Trio du contrebassiste Michael Formanek accompagné du saxophoniste alto tim Berne et de la guitariste Mary Halvorson ! Un disque où ces trois jazzmen et woman jouent avec une musicalité rare aujourd’hui une musique qui reste excitante par l’improvisation. Ils seront en concert demain vendredi 21 février au Fossé des Treize à 20 h 30 avec Jazzdor la saison !




« Si, adolescent dans les années 70, Michael Formanek tourne avec Tony Williams et Joe Anderson, c’est aux côtés de Stan Getz et Gerry Mulligan qu’on le retrouve dans les années 80. Depuis le début des années 90 Il joue un rôle central sur la scène jazz créative new-yorkaise et en particulier aux côtés de Tim Berne, Tomas Fujiwara et plus récemment Mary Halvorson. Bassiste, compositeur, il est de toutes les aventures du jazz d’aujourd’hui », et il a multiplié les disques récemment : 2 albums ECM avec Tim Bern, Craig Taborn au piano et Gerald Cleaver  à la batterie et son propre Kolossus Big Band, puis ses débuts sur Intakt Records comme ce dernier disque avec tony Malaby, Kris Davis Ches Smith, et Thumbscrew et d’autres groupes avec la guitariste Mary Halvorson !


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« Le nom du Very Practical Trio a un double sens pour lui : « l’instrumentation est pratique, nous ne sommes que trois et il n’y a pas de batterie. Le groupe voyage bien dans tous les sens, en ce que nous sommes de bons amis et jouons souvent ensemble dans plusieurs groupes.Nous pouvons facilement échanger nos rôles musicaux.Il n’y a pas forcément de voix principale, harmonique et basse. J’aime défier Tim & Mary dans l’écriture, et ils augmentent les implications de ma musique, et me surprennent en s’en emparant. Ce sont des musiciens incroyablement sérieux, mais sans se sentir importants pour autant ! Nous rions beaucoup ensemble et avons de grandes conversations au dîner  qui continuent après sur scène dans la musique d’une autre manière. Mais il y a aussi dans le nom du groupe un élément sardonique en ce que rien n’est pratique aujourd’hui dans le Jazz, c’est même l’opposé ! Vous faites cette musique avec amour, à partir de la poursuite de quelque chose qui, vous l’espérez, est beau et touchera  les gens. »

L'album commence par Suckerpunch

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Dans Like Statues écrit Bradley Bambarger dans les liner notes, il faut écouter les coups donnés par Mary halvorson dans son solo, la trace mélodique de Berne et le punch de Formanek tiraillant sr ses cordes. Ecoutons la fin de Like Statues


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Ces statues sont suivies de Still Here


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Bambarger parle aussi du lyrisme de Formanek dans son solo d »Implausible Deniability » sur un groove asymétrique.



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Plus courte, «Shattered »  est une lamentation ruminante que Formanek a écrite en  2018 juste après la tuerie de masse de la synagogue The Tree Of Life de Pittsburgh, souligne les possibilités dramatiques du son d’ensemble de ce trio qui frappe par un sentiment profond dans la mélodie en mineur.

Formanek dit encore à propos de ce répertoire « Cela pourrait ne pas venir à l’esprit comme des chansons, mais je les ai composées comme l’idée personnelle que je m’en fais. J’ai conçu ces compossitions comme des structures de chansons avec de la cohésion et une qualité lyrique, pas juste thème/solo/thème comme dans le Jazz habituel. Elles ne sont pas arrangées, mais les improvisations se libèrent de la chanson pour y revenir ensuite. Je pense que ce disque montre vraiment  la nature versatile dans le jeu de chacun. »

C’est peut-être dans The Shifter que ce côté chanson s’exprime le plus,  avec écrit Bambarger, la tonalité piquante de Berne et le fameux drive rythmique.

Dans « L’album court en effet un lyrisme insidieux » écrit Bradley Bambarger auteur des liner notes le long de la pulsation rythmique serpentant et une surprenante richesse  dans les textures par les trois musiciens.  Comme dans cet Apple & Snake

Plus rock, dans Bomb The Cactus, Mary Halvorson génère un kaleidoscope de couleurs et de formes, pas seulement dans ses courses d’araignées et ses délitements sonores vaporeux grâce à ses effets mais aussi prenant dans son tapotement Rock

Enfin, il y a aussi un standard sur ce disque, Jade Visions de Scott La Faro, contrebassiste de Bill Evans et Paul Motian qui mourut dans un accident de la route juste avant le disque Sunday at the Village Vanguard qui devait lui apporter la gloire.  L’arrangement ravissant est  original nous le fait entendre autrement, avec le chatoiemenrt atmosphérique d’Halvorson faisant apparaître la teinte émeraude, le jeu calme de Berne pleinement sensible de la mélodie, tandis que Formanek résonne en retour.

« J’adorais Jade Visions depuis Sunday at the Village Vanguard, c’était très en avance sur la fin des années 50/ début 60, la façon dont les battements sont groupés. Quand nous étions en tournée avant d’aller au studio, je me suis soudain rendu compte que cette pièce serait idéale pour l’instrumentation  de ce trio. C’est une chose ouverte, mystérieuse et nous avons essayé de d’y apporter une atmosphère Twin Peaks dans son espace. »

Formanek conclut : « Ce n’est peut-être pas la façon d’aujourd’hui, mais j’aime l’idée d’un album comme une expérience cumulative, comme si c’était un roman ou un film, même si je sais que cela semble idéaliste et pas très pratique »

"C’est le son d’une dérive, celle qui remplit la salle et kidnappe l’auditeur, les architectures d’un labyrinthe apparemment sans issues […] les thèmes sont étranges, tels des lames acérées qui éraflent le tissu harmonique et font ensuite couler mille gouttes de sang – mélodique – d’une blessure profonde et belle […] Le trio distille un blues diabolique, les pièces coulent, magmatiques et très légères, montrant la névrose classique contemporaine et les obsessions du compositeur, avec des fins toujours palpitantes, des climax renversés dont on ne devine jamais l’évolution : une musique vraiment imprévisible. Le rappel nous donne une ballade 3050 avec un Formanek magistral. Un concert littéralement incroyable." @giornaledellamusica.it

Traduction de l'anglais

Jean Daniel BURKHARDT