Gerah est un groupe membre du collectif Omezis fondé en trio par le guitariste électrique du groupe Sedna Raphaël Milcent avec d’autres étudiants ou anciens étudiants de son école de Musique de Bâle en 2017, Daniel McAlavey-Piano Jeremy Krüttli-contre basse Nicolas Safjan-batterie , qui avait déjà sorti une démo en trio)! 


Pou ce nouvel album éponyme de Gerah  , Raphaël Milcent  invité le saxophoniste Strasbourgeois Rémi Psaume d’ITJ band, FEU Far est Unlimited et Funk Industry . Retrouvez ici  mon interview de Raphaël Milcent, guitariste et compositeur ici!


Gerah

Cet album commence avec Neowise , non pas d’une nouvelle sagesse mais d’une comète rétrograde Mais la  ryhtmique est bien Neowise aussi au sens de nouvelle sagesse! L’alliance de la guitare et du saxo entremêlés sur le piano et de la basse bien groove fait bien Alasnoaxis de Jim Black ou plus Human Feel même plus mélodiques, lui arrête ses compos pour jouer free n’imp’ pas eux dans leurs impros !) pour la guitare Rosenwinkelienne, dont Raphaël a pu suivre des master classes à Bâle! Puis la résonance solitaire de la basse comme un tunnel où s’engouffre la guitare , et le jeu de Rémi plus cool que d’hab, un peu Charles Lloyd sur le piano limpide ! T’as jamais joué aussi cool Rémi ! La neowisité lui va bien ! Belle cohésion tant dans l’énergie que dans la spiritualité, un peu groupes d’Europe du Garbarek ! Bref de Belles textures évolutives jusqu’à la dernière note de guitare !

L’album continue avec Out Of Phase, plus court qui tient bien son nom des improvisation dedans dehors de la phase, du thème en effet ! La contrebasse fait aussi Avishai Cohen sur le piano limpide et léger, un peu oriental, joli duo ! Jolis duos, solos mais aussi tutti aussi quand ils jouent ensemble! La batterie est bien crépitante en dehors de la phase !  La guitare fait Kurt Rosenwinkel par le fait de ne pas aller au bout des phrases mais les couper rythmiquement en laissant les autres musiciens saisir la balle au bond! Mais Raphaël Milcent jouait déjà ainsi avant d’entendre Roosenwinkel ! Rémi Psaume par contre n’a jamais été aussi en phase avec les autres ! Belle accélération finale surprenante !

Suit Stardust (autre étoile)! Là encore tout à fait le genre de groupes que programmait Guy Herrgott au Cheval Blanc de Schiltigheim ou Au grès des Jazz à La Petite Pierre dans les années 2000 ! Le son de la guitare est un peu plus tranchant mais avec toujours de magnifiques harmonies avec une petite échappée de Rémi Psaume sur la  batterie bien latine ! Puis surprise ce piano qui tombe des étoiles comme la lumière en une course calme, presque silencieux, un peu Bobo Stenson sur Canto de Charles Lloydpuis juste la contrebasse et la batterie, et tout à coup une accélération surprise! Et Rémi qui revient de plus en plus hurlant mais sans aller jusqu’au cri sur le piano ! Et soudain la guitare Jazz Rock à la Mc Laughlin (Birds Of Fire ou Extrapolation (Raphaël Milcent avoue que son premier choc Jazz fut Bitches Brew de Miles Davis enregistré avec ces musiciens après les avoir découverts sur ce disque) venant de je ne sais où allume l’explosion de l’étoile d’un solo de guitare très électrique et rock, d’une note à l’autre sur le clavier, explosion qui ne viendra pas!



L’album se termine avec Decoy, mais pas celui Techno Funk de Miles, mais au sens propre pourleurre, faux swing du début, qu’on pourrait croire plus cool et acoustique ! Rémi Psaume joue un peu comme Chris Potter sur ce disque (je l’aimais aussi dans tes groupes plus dans l’énergie ou électriques mais là il est plus mélodique servi par ces compos d’exception) suivi dun beau drive de la contrebasse sur le tinkty boum léger de la batterie , puis belle échappée de piano, sur la contrebasse et la batterie et son de guitare entourée par le piano ! ça mériterait d’être sur ECM sauf qu’ils ont des disques plus chiants, c’est peut-être pour cela qu’ils n’y sont pas, trop énergiques! Et Rémi nous gratifie encore d’une course haletante jusqu’à l’Orient, poussée jusqu’au cri !

Ce que j’adore c’est que quand un part en solo les autres suivent en rythmique et vice versa ! C’est pour moi ce qui fait du Jazz le plus exercice de démocratie musicale appliquée, et pas forcément dans la force ! Il est plus difficile je pense (mais ne suis pas musicien) de partir et accélérer pour s’arrêter en marche et revenir, réduire l’intensité, puis la reprendre, par paliers de compression/décompression, tension et détente, et ils le font très bien sans se perdre les uns les autres !

Jean Daniel BURKHARDT