Samedi 9 novembre 2019 à 17 h: Musina Ebobisse au CEAAC (un nom magnifique pour un musicien):

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Je ne connais pas ce musicien ((quoiqu'on soit déjà amis sur facebook! L'aurais-je oublié?) qui est de retour a Strasbourg après un séjour de 6 ans a Berlin! Il a été élève au conservatoire de Strasbourg et après un passage au Jazz Institute de Berlin, il nous revient avec son quintette formé là-bas de musiciens européens: Musina Ebobissé, saxophone ténor & composition / Olga Amelchenko, saxophone alto / Povel Widestrand, piano / Igor Spalatti, contrebasse / Moritz Baumgärtner, batterie!

ils jouent devant la Fresque de Couderc et Helme de Montreuil (illustrateurs de jazzdor depuis 17 ans)!

Ils commencent par "Silhouette": sur un Berlin assez sombre où l'on croise toutes sortes de personnes a 4 heures du matin! Beaux unissons de Musina au ténor et de l'autrE saxophonistE. Ana Almelchenko a l'alto sur les roulements de batterie de Moritz Bammgärtner jouant ensuite avec des anneaux et cymbales sur les toms!

Un côté troisième courant Tristanien mais plus lent ou sur le même thème "Hat & Beard", mais cette "Silhouette" est plus mélodique sur une silhouette New-Yorkaise!

Changements de tempos tournant d'un musicien a l'autre et variation rythmique ponctués par la contrebasse accélérant sur les roulements crépitants tom/cymbale!

La contrebasse est comme souvent le pilier autour duquel s'articule la musique!

Leur premier album "Timeprints" est paru en août sur un label allemand!

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"Novlangue" est inspiré de 1984 d'Orwell! Longs unissons d'anches longeant les murs de ce monde d'ennui pour éviter Big Brother (Orwell n'avait pas prévu en 1948 nos télécrans de poche! Et en 1984, lors d'un micro-trottoir, les gens avaient oublié son roman! Donc nous y sommes, et bien pire par certains aspects, ou pas encore par d'autres!)! Mais l'amour peut fleurir entre les unissons de saxophones! Puis batterie et contrebasse dramatiques, douches de piano et beau saxo d'alto lyrique!

Puis accélération dramatique a la train passant sur le couple enamouré "Duet Solo Dancers" sur lesquels semble passer un train dans "The black saint & the sinner lady" de Mingus! Belle mélodicité dans ces compositions! Et beau solo musinal d'Ebobisse surfant sur les lignes brisées de la batterie et de la contrebasse! La fin fait un peu horrifique a la Pallem et son Sacre du tympan, arrangeur de l'ONJ en concert le lendemain au fosse des treize!

"Rêveries" est une belle ballade aux balais et unissons de saxes! Magnifique solo de piano aquatique, Debussyen dans cette composition impressionniste!

 

"Astroturfing" Encore une belle intro d' Almetchenko avant la contrebasse d'Igor Spalatti (russe italien?) égrenant un rythme plus dramatique sous le solo de Musina Ebobisse poussé jusqu'au cri!

Comme La poche à sons il y a 15 ans (séparés depuis, mais dont le saxophoniste sera Hugues Mayot sera en concert au Fossé des Treize avec Ikui Doki à Jazzdor, ce groupe pourrait réconcilier avec le Jazz moderne ceux qui s'en sont détournés pour cause de bruitisme free! Bien groovy quoi qu'acoustique ce vaisseau astral avec duo de contrebasse et cymbales crissées et résonnées de petites baguettes de glockenspiel!

 

Puis le batteur reprend la main et la contrebasse accélère avant le solo de la saxo!

Galant (quoique beaucoup de jazzmen le font pour leurs partenaires), Musina s'agenouille pendant le solo d'Almachenko, la génuflexion respectueuse est souvent partagée dans le jazz pour donner de la visibilité au soliste, qui renverra l'ascenseur un peu plus tard! Par les fractures rythmiques on pourrait penser a Jim Black, Ellery Eskellyn (quand il ne fait pas n'importe quoi) ou Steve Coleman quand il n'est pas trop froid!

"Hairsplitting" (couper les cheveux en 4) est un peu plus capillotracté ou capillocsplitté en effet! Après de courtes phrases latines paso doble, un peu l'orchestre de tango du drei groschen oper dans leur "tanz pot pourri" (la première chose allemande que j'aie aimée), de longs unissons d'anches et plus expérimentations encore du batteur cette fois avec des grelots sur les toms!
Bonne accélération de la contrebasse puis paso doble!

Le bassiste Igor Spalatti doit partir en train a 20 h pour la Roumanie, mais il dit "i love trains"!
"Fall" (fallen veut dire automne en allemand) Belle intro du trio rythmique, les deux souffleurs sont agenouillés! Puis se lèvent pour de belles prolongations de phrases l'une de l'autre! Très fin ce thème romantique et automnal au parfum de feuilles mortes!
Cette fois c'est le contrebassiste Igor Spalatti qui part en goguette pour rattraper son train à la manière du deuxième quintette de Miles (qui jouait aussi une composition du nom de "Fall"! Ce groupe pourrait rendre plus accessible ceux de Mary Halvorson par exemple comme leur version mélodique!

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Les feuilles tombent comme les mobiles du batteur entrechoqués!

Le dernier morceau "Macula Lutea" commence avec des vibrations sur des cymbales crissées du batteur!



Mais Musina est toujours bien melodique, et le batteur aussi dans ses éclats métalliques!

ça joue bien ensemble avec une belle cohésion, ce qui est l'essentiel! Fondu enchaine sur l'alto et la contrebasse! Vraiment de belles compositions! Et le batteur tres varie baguette et main, baguette et vibra, balais et fagot, 2 balais, balais et fagot par le manche accélérant sur les phrases clustées dans l'aigu du piano! Il peut aussi marquer un micro tempo régulier sur une cymbale retournée sur le tom!

Musina crie dans son solo rejoint par l'alto, soufflent fort et de concert jusqu'au bout du thème puis se calment pour le final!

Bref, un bon Quintet à suivre

Jean Daniel BURKHARDT

photos de moi!