Après le concert compte rendu de leur Masterclass

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en première partie de leur concert du soir du 14 avril dernier au Fossé des Treize coproduit par le Jazzlab et Jazzdor le groupe membre des Vibrants Défricheurs Papanosh, (Raphaël Quenehen saxophone, Quentin Ghomari trompette, Sébastien Palis orgue et piano en formation Jazz, Jérémie Piazza batterie et Thibault Cellier contrebasse). Ils se sont connus au lycée il y a plus de 15 ans, et leurs premiers albums était le plus traditionnel comme Your Beautifull Mother, puisOh Yeah Ho (hommage à Charles Mingus déjà avec le saxophoniste baryton et poète américain Roy Nathanson)  avant le plus free A chicken in a bottle invitait Roy Nathanson (fondateur des  les Jazz Passengers, qui a joué avec les Lounge Lizards de John Lurie, Anthony Coleman et Marc Ribot, enregistré sur le label Tzadik de John Zorn) et Napoléon Maddox (qui avaient collaboré sur «Sotto Voce» comme sur leur dernier album avec Marc Ribot à la guitare «Home Songs» sur les questions de chez-soi et d'identité a l'heure des réfugiés!

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J'arrive sur «Loosy», un texte de Napoleon Maddox  sur le rapport qu'entretient un oiseau avec son nid. Roy Nathanson s'avère unn bon saxo free mais pas trop bruitiste. Maddox s'essaie même au français d' «oiseau for a nid» et chante comme lui sur la trompette et le saxo de Papanosh, puis accélération des saxos. Sur Sotto Voce déjà, Maddox s'était révèlé un bon chanteur de Soul sur Do Your Thing d'Isaac Hayes.

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L'accélération me rappelle le Track B «Duet Solo Dancers» de The Black Saint & The Sinner Lady (le Saint Noir & La Dame Pêcheresse)de Charles Mingus par son côté écrasement brutal du sentimentalisme par un train fonçant à grande vitesse pour les écraser.

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Puis Nathanson et Quenehen le saxonosh chantent ensemble sur une sorte de Hot Six ou Struttering Variation des Goldberg Variations de J.S. Bach revisitées par Uri Caine en pour calmer le jeu.

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Sébastien Palis a un bon son d'orgue Soul en formation Jazz, Maddox appelle sa famille fictivement sur un vieux téléphone. Cette chanson parle de ce qu'il aimerait un jour construire comme maison idéale pour y vivre avec sa famille et les amis qu'il s'est choisis en harmonie.

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A un autre moment du spectacle, sur King Of The World, Maddox prendra une voix angoissée «They're comming», et nous offrira un thé virtuel d'une théière cherchée en coulisse!

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Les réfugiés ont aussi participé à ce projet, ils les ont interviewés et passent leurs voix en concert sur un Nagra (appareil enregistreur sonore à bande magnétique)! J'avais lu ce mot ce jour-là dans la Préface d'Allen Ginsberg aux Visions de Cody de Kerouac à propos de La Bande enregistrée de Jack Kerouac et Dean Moriarty transcrite par Kerouac, me demandant si le Nagra était une pratique spirituelle ramenée d'Inde par Ginsberg!


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Papanosh a interrogé les réfugiés (projet réalisé avec CASAS sur comment c'était «chez eux», la cuisine, la musique, leur maison, ce qu'ils avaient dû laisser. Un témoignage émouvant parmi d'autres «Je pourrais trouver un meilleur logement mais pas une aussi gentille voisine!», et Sébastien Palis improvise en direct au piano sur leurs voix. Je trouve que ça a plus de sens que Jason Moran qui faisait la même chose avec son portable, mais sans cause ni raison. C'était un moment très émouvant.

D'ailleurs dans l'album Home Songs, on trouve aussi un superbe titre Ethiopique K'arallanta chanté par Linda Olah!

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Dans une composition de Jérémie Plaza, lorsque Roy Nathanson joue de deux saxophones (sorpanino et baryton) en même temps, il me fait penser à Rahsaan Roland Kirk  (saxophoniste aveugle qui avait rêvé ce nom et cette pratique de jouer 3 saxophones en même temps) avec Charles Mingus dans l'album et la chanson Oh Yeah dont il a joué la musique avec Papanosh au studio dans l'album du même nom et sur scène. D'ailleurs dans l'esprit, adapté aux problèmes de notre temps, leur engagement en fait du Mingus réactualisé musicalement par l'intensité et politiquement par les questions qu'ils soulèvent, aujourd'hui il défendrait les réfugiés et militerait contre Donald Trump (et je ne savais pas en les voyant qu'ils lui avaient dédié un album avec Nathanson). Je leur ai dit après le concert, et Quenehen m'a dit «Ben oui, on vient pas de nulle part!». Mais Roy Nathanson utilise aussi un mégaphone (plus que de souffler dans les deux saxos en même temps), et la suite faisait penser à Haitian Fight Song de Mingus dans le rapport entre le solo et la brusque irruption de l'ensemble en un cri de révolte unanime et collectif. Mingus aussi, s'il était capable de violence musicale assumée (et aussi de virer ses musiciens sur scène en club, pour les réengager un quart d'heure plus tard en club d'après sa dernière épouse Sue Mingus), ne la poussait pas jusqu'au Free Jazz (qu'il détestait comme Ornette Coleman, il rêvait de battre le Free Jazz avec Duke Ellington et Louis Armstrong, écrit-il dans Moins Qu'un Chien (Beneath the underdog)), souvent c'était juste un cri, suivi d'un retour au calme ou d'une valse, ou d'effets musicaux moins violents!

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Roy Nathanson présente une de ses compositions The New Things sur la perte: Enfant, sa mère lui attachait et épinglait ses affaires à ses vêtements pour qu'il ne les perde pas en classe. Mais il revenait souvent sans! Il a ensuite perdu sa mère, et son frère (https://www.youtube.com/watch?v=0ijTAnYDLac), et pourtant toutes ces pertes l'ont construit et fait grandir, dit-il dans un très beau texte. Sa voix en talk-over rappelle un peu celle d'un Lou Reed, alliée à une voix enregistrée sur un sampler, suivie d'une bonne contrebasse descendante de Thibault Cellier puis le piano et Napoléon Maddox beatboxe.

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C'est moins difficile d'entrer dans cet univers plus universel que dans celui plus Science-fictionnel de Nos Futurs de Boreal Bee & Mike Ladd et plus universel aussi que Code Girl (), peut-être est-ce le concert le plus touchant depuis 2 ans que Jazzdor a déménagé de Pôle Sud au Fossé Des Treize car ce projet FAIT SENS et œuvre utile aujourd'hui et maintenant!

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Quentin Ghomari joue aussi d'un trompette à coulisse pareille à celle de Steven Bernstein du groupe Sex Mob, et à la coulisse a la musicalité et l'ubiquité d'un Samuel Blaser ().

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Ils poursuivent avec une autre composition Home..., avec à nouveau le Nagra, mais de Quenehen au saxophone cette fois, à partir d'autres extraits et témoignages, plus sur la cuisine (tacos, farce) d'où viennent les réfugiés.

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Un autre solo de Nathanson m'évoque Goodbye Pork Pie Hat (https://www.youtube.com/watch?v=Jyyut4XJj3M), hommage de Mingus à Lester Young qui portait un chapeau comme Nathanson, mais éclaté/ démembré par le texte poétique.

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Soudain les Papanosh vont entourer le public dans la salle, et surprise 7 chanteuses se lèvent au milieu du public et chantent ensemble «Take Me Home» à la «Egypt To Crypts in Hyeroglyphs» de Steve Coleman avec Kokayi (autre grande influence du Jazz actuel, mais qui peut s'avèrer froid en concert) avec Roy Nathanson taxiphonant de son saxophone fou, saxonnant et Quenehen les dirigeant en Sound painting. Elles n'avaient jamais chanté ensemble, se sont vues une heure avant le concert, trouvées par Matthieu Schoenhall, chargé de communication de Jazzdor à la demande de Papanosh et Nathanson pour savoir quoi chanter! Quenehen les accompagne en slap tongue, puis ils partent enn fanfare sur «Manha De Carnaval» de Luiz  Bonfa pour Orfeu Negro de Marcel Camus qui lança la Bossa Nova au Festival de Cannes de 1959.

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Nathanson s'avère unn poète limpide, actuel et très compréhensible en français, ce qu'on ne pourrait pas dire de tous les américains! «Bring Me/ Take Me Home» chante-t-il, et dit «Love is like a bad woman who wants to get home» («L'amour est une mauvaise femme qui veut rentrer chez elle»).

Maddox crie au-dessus de tous «Home above me!»

Le piano de Sébastien Palis a la même ubiquité entre Jazz et Pop ou Funk que Jamie Cullum et le saxo fibit bien Dophyen dans l'album «Straight Ahead» d'Abbey Lincoln.

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La base de ce travail est l'entraide musicale et l'engagement sans-frontières qui en fait des citoyens du monde et renouvèle la tradition du Jazz en s'inspirant de ses racines!

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Jean Daniel BURKHARDT

Photos  Patrick Lambin