Le mardi 14 novembre au CEAAC, on pouvait entendre les batteurs français Edward Perraud qu'on a pu voir avec Elise Caron et entendre en groupe sur son album «Synaethetic Trip» et Suisse Julian Sartorius du trio de Colin Vallon en duo pour la seconde fois au CEAAC (extraits du concert et interviews ici).


Perraud de face, chemise a fleurs et cheveux un peu longs, Sartorius face à lui, dos au public, barbu et portant lunettes, plus baba cool, et hipster.

Perraud frappe ses toms en gongs de baguettes vers le bas, tandis que Sartorius fait crisser la cymbale de ses baguettes, puis d'un CD de manière circulaire, Perraud aussi d'un CD!

Sartorius joue plutôt de bas en haut, faisant ici crisser et rebondir un gong sur le tom!


Perraud joue d'une boîte à trous comme une niche à oiseaux sans bathyscaphe, ils font crisser comme s'ils sciaient les cymbales.


Julian Sartorius faisant crisser la cymbale sous sa baguette

Sartorius a un roulement de tambour plus militaire, plus terrien, Perraud est plus joyeux, lève ses baguettes en l'air et bat des balais puis crisse.

Edward Perraud c'est la joie enfantine du tambour, celle du singe dans L'Odyssée de l'espace de taper sur quelque chose et lancer un os en l'air comme il frappe ses balais de très haut sur la batterie!

Sarto joue plus rythmique, Perraud ponctue d'une cymbale crissée, puis jette ses cymbales.

Pour Perraud rien n'est stable, la cymbale pourrait s'envoler, tomber sur un tom en crissant, il provoque le cataclysme, la chute, il décroche la cymbale!


mais Perraud voit déjà plus loin que son geste


Cymbale et tom se touchent rarement sauf chez lui!

Sartorius est plus grave, Perraud plus aigu, mais ils se retrouvent dans le métal, la scie musicale d'un rapporteur pour Perraud, un cylindre de fer frappé d'une baguette pour Sartorius jusqu'à la cymbale résonnante. Chacun joue d'autres objets qu'il transporte dans sa valise.

la mallette d'objets d'Edward Perraud: arc musical, baguettes plus ou moins fines ou ouatées, cymbales, CD percussif! De quoi varier les textures sonores!


La valise de Julian Sartorius: baguettes, balais, gongs, cymbales, œufs percussifs et baguettes plus ou moins files et ouatées de la batterie au vibraphone! 


les objets de Sartorius sont cependant plus légers (l'habitude du randonneur?)


Sartorius fait la rythmique complexe des crissements résonnants de Perraud qui parle de leurs disques comme de «condensé final d'espérance de vie» à emporter en souvenir.

Sartorius a sorti un disque enregistré lors d'une randonnée Bâle Genève avec seulement deux baguettes les objets trouvés dans la nature et un enregistreur de sons, disponible en code internet donnant droit à un téléchargement sur son site.

Sartorius et son album: version CD avec photos et illustrations sonores d'un voyage de Berne à Bâle et version écolo dématérialisée: dans cette pyramide, un code permettra de le télécharger!


Edward Perraud m'a toujours paru comme le batteur le plus en apesanteur, aérien et là encore, bras étendus il s'envole. Sarto est plus arcbouté sur sa batterie, ses objets, comme s'il voulait s'enfoncer dans le sol, la terre.

Edward est le batteur plus aérien, en apesanteur, il semble vouloir s'envoler, comme ici son bras avec cette percussion à graines

Edward Perraud quant à lui, semble, malgré la lourdeur de l'instrument, s'en envoler, prendre l'air, se lève, fait crisser un arc musical, souffle sur la cymbale..


Perraud tapote, Sarto plus léger, Perraud sur les cymbales, Sarto plus de côté, Perraud fondant d'en haut, mais ces gestes différents aboutissent à des bruissements complices et complémentaires, puis retrouvent leurs cymbales pour d'autres tapotements.

Julian Sartorius est un batteur plus terrien qu'aérien, les pieds bien ancrés au sol, dans l'humus et sur le plancher des vaches (qu'il a enregistrées pour son dernier solo). Comme un Elvin Jones il prend la baguette par le petit bout pour frapper avec le gros! Il incarne une gravité percussive!

Perraud joue du rebond de la baguette, mais peut aussi déchaîner la puissance Rock. Chacun joue des rebonds mais pas avec le même résultat!

Mais Edward Perraud sait aussi faire preuve d'obstination de la baguette sur la cymbale

Un duo surprenant mais finalement complice!

Comparant leurs impressions, deux batteurs? ou deux musiciens qui font de la batterie!

Jean Daniel BURKHARDT

Photos  Patrick Lambin

Et ce soir:

Aujourd’hui mardi 27 mars 2018 de 20h30 à 23h30
Visuel concert
Passionnés par la création, l’articulation entre écriture et improvisation, les trois musiciens d’Ikui Doki créent un répertoire de compositions collectives autour de la musique française du début du XXème sicèle (Debussy, Ravel...). Un jazz contemporain qui regarde vers la musique de chambre, une recherche de paysages extatiques parmi les trames harmoniques raffinées dans lesquelles tout devient son.

Avec les deux musiciens légendaires que sont le saxophoniste Joe McPhee et le batteur Paul Lovens, c’est la promesse d’une musique sans concession, intense et mémorable ! Deux hérauts des musiques libres de chaque côté de l’Atlantique, deux improvisateurs de génie qui ne reculent devant rien, prêts à sauter dans l’inconnu avec toujours le même enthousiasme !
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Ikui Doki : Sophie Bernado, basson / Raphaëlle Rinaudo, harpe / Hugues Mayot, saxophone
dans le cadre de la Tournée Jazz Migration 2018, avec le soutien d’AJC (Association Jazzé Croisé)

+ Joe McPhee : saxophone, trompette
Jean-Marc Foussat : électronique
Paul Lovens : batterie