Élise Caron est l'une des chanteuses de jazz (mais pas que) les plus éclectiques de la scène actuelle et Edward Perraud l'un des batteurs les plus originaux. Ils ont enregistré ensemble "Bitter Sweets en 2009 mais leur répertoire de scène a évolué depuis, un nouvel album sera bientôt disponible. Le texte est parfois important pour Elise Caron, de la poésie quotidienne improvisée à la manière de "Loving Suite For Birdy So" à laquelle elle a participé. Le premier titre y ressemblait un peu, prise de contact d'une innocente voix de fillette: "Comment tu t'appelles? Tiens moi aussi! Tiens on est à la même place! On va enlever la pluie!"



Élise Caron utilise parfois deux micros: un live et un samplé en écho, ou pour les effets!


Edward Perraud est le complice idéal, tout aussi versatile qu'elle, il joue une batterie plutôt fine et reste très à l'écoute, pas dans la puissance tout le temps mais utilisant aussi une baguette de vibraphone ouatée ou un balais pour l'atténuer, et des sampleurs (le fil dans sa bouche?)!



Pour le second titre, elle vocalise en espagnol ou espéranto personnel tandis que Perraud joue une rythmique flamenco reggae sur son guitalélé puis disparaît en coulisse. Elise Caron pourrait être une chanteuse classique ou contemporaine, l'est parfois, mais avec l'humour du jazz et la folie que lui permet l'improvisation!


Dans sa chemise à fleurs, Edward Perraud est aussi un inénarrable clown, comme au retour immédiat d'Elise Caron dans une parodie de présentation qui devient surréaliste: "C'est pas prévu et c''est la première fois!"


Edward Perraud est aussi fin à la cymbale, semble par deux fois vouloir manger sa cymbalette ou souffler dessus pour obtenir des sonorités inouïes!




Edward Perraud et son guitalété, mi flamenco mi reggae, ou un peu rock!



Parfois Élise Caron invective, pourrait presque faire peur tant elle est habitée, quand l'enfant se fait chamane ou sorcière possédée, pythie  mais le texte poétique surréaliste montre que c'est critique ou pour rire!


Également comédienne, elle ponctue son chant de gestes théâtraux, crée par le texte tournant autour d'une sémantique, puis se moque d'elle-même "ça me fait penser au cirque Gruss!"


Les textes comme "Ici", désignent un lieu imaginaire ou un mouvement vers et dans ce lieu sur les effets de la guitare et les samples "Ici on entre par derrière, par surprise, par dessous, par les strates du plancher, ...on laisse le sens, on lâche le sol", mais à la fin "on sort par la porte principale, au grand soleil"! De l'intérieur secret vers l'extérieur!


Edward Perraud s'amuse autant qu'elle, facétieux, quand elle chante il se fait écrin rythmique, quand elle ne chante plus, structure, mais elle peut tout remettre en question à chaque instant et lui aussi!



Élise caron est comme son chant, changeante, elle peut retomber en enfance comme être très vieille, quand elle part avec l'accent du pays de Cau dans "Faut vérrifier les routes, les ponts, le long de la mer", parodie d'architecte urbaniste maniaque, puis finit en médecin parodique par le corps "vérifier l'arrête du nez, les yeux, la bouche, les intestins", cette fois de l'extérieur vers l'intérieur!


Avec un appli, Edward Perraud (comme Médéric Collignon au concert de Zone Polyurbaine de Jazzdor en novembre au TNS) fait de son i phone un mélodica, puis souffle dedans


tandis qu’Élise Caron joue de la flûte!




Pour le bis, Edward Perraud essaie d'expliquer que le disque va sortir et elle le trouble "Exprime toi" et est même reprise d'un accès de "Faut vérrrifier"!




 

Edward Perraud et sa batterie, ses machines:


Mais Edward Perraud peut aussi devenir jongleur ou équilibriste de baguettes!


ou guitaléliste rock ou jazz ou flamenco reggae, ou tous deux pianistes et elle couchée sur lui ou chantant et finissant par jouer aussi d'une main!
 

Quand Edward Perraud se fait plus puissant dans son rythme, Élise Caron part dans un aka d'une langue imaginaire, un peu comme "le rappeur Khalité prie"!


A un autre moment, grâce à un arc musical utilisé comme archet à la Jimi Page, le guitalété se fait kemenchélé!



Jean Daniel BURKHARDT

Photos  Patrick Lambin