Les Escrocs sont un groupe français originaire de la région parisienne, les 3 membres du groupe sont multi-instrumentistes : Éric Toulis : Parolier, Chant, Guitares, Basse, Piano, Trompette, Banjo ; Hervé Koury : Piano, Orgue, Harmonica, Saxophone, Clarinette, Synthétiseur ; Didier Morel : Percussion, Tambour, Batterie, Balafon.

 

En fait je suis venu pour eux, quoique ne connaissant vraiment que la bossa nova Assédic, (leur premier et unique tube en 1994 ouvrant leur premier album « Faites vous des amis »  et l’album « Six Pieds Sur Terre » en 2002 trouvé à la Médiathèque. Ils ont aussi sorti « C’est Dimanche » en 1997, « Le Bal des Vilains »  et « Plages Privées », un Best of de singles remastérisés et de Lives inédits (1994-2004) pour leurs 20 ans!

Leur site nous dit :«" Faites-vous des amis !", clamaient les Escrocs sur la pochette de leur premier forfait. Répondant à l'invitation, les amateurs de - bonne - chanson française s'étaient pris de sympathie pour ces trois gaillards multi instrumentistes capables d'épouser tous les styles. Deux décennies plus tard, leur regard plein d'acuité reste plus que jamais d'actualité. D'"Assedic" à Je suis speed " ou "Loukoum et camembert", les rimes et les mélodies joliment troussées des Escrocs sonnent comme si elles avaient été écrites aujourd'hui, et balaient avec humour, swing et humanité les petits alèas du quotidien et les chasse-trappes de la société française.

Si les artistes ont emprunté des chemins différents ces dernières années, la musique ne les a jamais quittés. Eric Toulis poursuivant sa voie en solo pendant que le professeur Koury prêtait ses talents à Bénabar, à Adamo et d'autres, et que le Dr Morel voguait vers l'Amérique du Sud approfondir sa science infuse des percussions, Les voici de nouveau réunis. En bons vivants qu'ils seront toujours, ils nous offrent aujourd'hui une compilation remastérisée avec des inédits à la clé, et, bien sûr, des concerts, tout un pacifique arsenal taillé pour allonger la liste de leurs très amicales et consentantes victimes. »

J’arrive pendant la malicieuse biguine « Fais pas celui qui dit que sa vie n’est pas la vie qu’il voudrait qu’sa vie soit » (sur « Six Pieds Sur Terre »  et « Plages Privées »), parce que le public ne les connaît pas, attend Karpatt et fait la gueule assis pour la plupart ?

Eux ne manquent pas d’autodérision, et se moquent de Paris qu’ils appellent « Capitale Santé » car « Rien de tel pour s’défaire la santé!» extrait de « C’est Dimanche » () en 1997 « le deuxième album des Escrocs qui manqua un peu de promo » (c’est eux qui le disent dans « Les Puces » en 2002 dans le quatrième « Six Pieds Sur Terre ».

Ils poursuivent avec un amusant brûlot anti-raciste, « Loukoum et Camembert » extrait de leur premier album « Faites des amis », avec cet argument imparable : « Donnez vous la main, vous êtes en route vers le même cimetière » sur une bonne java. D’ailleurs Java si Les Escrocs avaient mieux marché on se serait bien passé de leur Musette Hip Hop et de leur second album électro raté !

Guitariste chanteur et clavier  portent des casquettes à la Gavroche, le percussionniste juste ses cheveux longs.

« Qui a inventé le Funk ? » demandent-ils à la cantonnade ! Je crie « Horace Silver ! » (il n’a fait que réhabiliter le mot « funk » par son « Opus de Funk », avant c’était une insulte des américains blancs sur l’odeur présupposée des noirs!). Du coup je me fais gentiment  chambrer par Toulis : « Ouhlà on a du sérieux, du pointu là en Jazz ! », ça lui coupe son effet de françisation, pour lui c’est pas James Brown  ni « Jean Marron » mais Mozart pour sa « Marche Turque », comme le Cha Cha Cha, Boris Vian nous l’avait bien dit!

Toujours est-il que Les Escrocs sont un bon groupe de Funk aussi comme pour ce « Gros La Tête » (réflexion d’un copain Antillais à propos de Mario Ramsamy chanteur du groupe Images, autre Antillais après le succès des « Démons de Minuit » (https://www.youtube.com/watch?v=p_ZxDNZjzVk), il avait « p’is Gros la tête !» avec un bon orgue Funky et un solo de « basse de nain » du chanteur puis à 2 avec le claviériste sur les cordes et à 3 avec le percu tapant sur la caisse ! Les escrocs sont des bêtes de scène mais ont pas pris « Gros La Tête»! Dans le genre disco funk, ils ont aussi enregistré « CDR Night Fever » contre le téléchargement et l’Etat qui ne baisse pas la TVA en conséquence « car les sous lui il aime bien ça!»

 

Suit un Space Cake avec « ça m’fait bizarre » (https://www.youtube.com/watch?v=PeuXwKzX_sU) sur les effets dudit gâteau : celui qui fête anniversaire en plein air voit une femme à trois seins dont un tout droit, un escargot qui bave et lui en demande pour sa bouche sèche, bref désopilant, surtout que le percu se lève pour nous offrir des cookies, non space!

Le chanteur prend son banjo pour nous emmener sur la Route 66 en espérant comme Bob Dylan le prix Nobel pour son jeu d’harmonica et tente d’imiter Eddy Mitchell « Sur la route de »... Rungis! avec « L’épave », son « joli tape cul », texte savoureux chanté Six Pieds Sur Terre en mode country cajun (les chœurs « c’est pour qui c’est pour moi !) zydéco (mais il manque quelques strophes par rapport à l’album)!

Les Escrocs sont des Escrocs pour faire passer en fraude des musiques d’ailleurs en y posant de bons textes.

D’ailleurs si Toulis a commis la plupart des textes, Koury en a tout de même écrit une sur la morale « ne jamais devenir vieux et riche en même temps », où il va visiter une vieille de 92 ans de sa famille qui a des vents pour son héritage mais y croise sa cousine  « pour toucher l’jackpot », sauf qu’elle a pas un rond quand elle meurt ! Délicieux de mauvais esprit!

Le percussionniste quant à lui a composé un joli poème sur son frigo « parce qu’il est beau devant, chaud derrière, froid dedans mais beau à l’intérieur »!

« Y'a des gens en retard ?"  demande Toury, avant de leur dédicacer comme à lui qui est toujours à la bourre « Choisis ton tempo », un bon reggae funky sur la « trotteuse marathonienne».

Pour « Les Musiciens », c’est au public d’accompagner faute de fanfare  les joies alimentaires et sentimentales du métier, mais « faut savoir jouer d’un machin » et Koury qui a sorti sa flûte à bec oublie son solo, Toury finit par « c’était bien la peine d’aller chercher ta flûte» et Koury joue son solo après en roulant des yeux.

Je crie en reconnaissant les fausses cuicas des îles d’ « Assédic »  () (J’étais comme tous ces gens/ Allergique au boulot mais pas allergique à l’argent/ Je t’écrirai de temps en temps/ Quand tu m’enverras mon virement/ Directement/...Tu seras la maman de tous ceux qui n’ont pas d’argent!», bijou de mauvais esprit social pour le revenu minimum universel réactualisé « L’agence nationale pour l’emploi m’écrit de France à peine au bout d’un mois pour me proposer du boulot : chez Amazon décharger des camionnes mais faudra me payer cher pour que j’y retourne » qu’ils finissent par « Dans mon jardin D’Hiver » d’Henri Salvador (qui a dû en profiter aussi avant « Chambre avec vue »), mais leur aurait-y pas piqué quand même ? La bossa ? L’idée ? La mélodie ?

Ils finissent par une ode à « la Mobylette », une java du premier album (quand même chantonnée par certain(e)s), casqués, sur ces pétroleuse qu’Anne Hidalgo veut, comme les voitures d’avant 2000 interdire au centre ville de Paris ! Et de nous réquisitionner encore pour la chorale carburant, bidons d’huile et d’essence à l’appui : « VROUM VROUM ! » pour les garçons, « ZINE ZINE » pour les filles pour pousser derrière!   

Je n’avais jamais vu Les escrocs en concert mais pour moi cela confirme qu’ils sont l’un des meilleurs groupes français, à découvrir, depuis 20 ans !

 

En seconde partie, plus connu mais moins de moi, suivait le groupe Karpatt , autre trio : deux guitares acoustiques flamencos, le chanteur Frédéric Rollat et Gaètan Lerat,  guitariste soliste chapeauté et Hervé Jegousso sur une contrebasse costumisée à la Di Rosa tous deux aux chœurs et tournent depuis 200, trois chauves comme cette tête de cerneau de noix sur leurs albums.

 

Ils nous accueillent « Welcome To Salvador , coincé entre le Sud et le Nord » d’une voix à la Têtes Raides en plus populaire par un beau portrait de femme qui ouvre leur dernier disque « Angora » qui vient de sortir.

 

Ils continuent avec une autre « Histoire de Famille » de femmes Gitanes extraite de « dans d’beaux draps » en 2006, « Mère d’une famille / où les hommes avaient déserté » : « Elle était comme sa mère en plus peau de vache/ J’aimais la mère, j’aimais la fille, j’aimais la tante » avec de beaux tuilages des trois voix jusqu’au final.

Comme c'est presque Halloween « Faudra un hurlement de peur Halloweenesque » du public pour La Danse des « Fakirs » (extrait de « sur le Quai en 2011) « des avaleurs de sabres, des méchants, des arracheurs de dents » qui se martyrisent pour devenir zombies pour nous glacer le sang!

La suivante est plus calme et son texte plus joli « Le Fil », « avec l’envie follette de bousculer la terre... » (également en 2006 Dans d’beaux draps ») sur l’enfance rebelle  continuée jusqu’à l’âge adulte en parcourant le monde!

La contrebasse imite à s’y méprendre de son archet une mouche, que le chanteur attrape, puis libère,  toute une comédie pantomime avant « La Mouche » (qui « aime le Jazz Manouche et le bon vin ») (extraite de « Dans l’caillou » en 2004) à la guitare plus Jazz manouche.

Autre chanson d’Halloween, commencée par une marche funèbre à la guitare, « J’suis mort » extrait du dernier album Angora entre fantôme et parle et saigne "comme de la fausse confiture", avec tout de même quelques samples aux pieds.

Autre chanson psychanalytiquement œdipienne «Fan de Maman » sortie de « Dans d’beaux draps », où « j’aurais voulu être mon père » avec faute d’accordéon de jolis sifflements coulissés sans coulisse du bassiste.

 

« Y’en a pas qui sont venus par erreur en s’endormant dans le tram ? car c’est terminus! » plaisante le chanteur !

Après la mère, nous voilà « dans le bar de sa tante à Nantes » son oncle s’est coupé un membre (pas forcément celui quel penserait un esprit mal placé car ce qui lui manque c’est un  « coup d’ « lalala »!

Autre chanson pour les Tsiganes dont ils m’apprennent que la France a enfin reconnu la participation au génocide, et qui s’appliquerait aussi aux migrants, « Un Jeu », celui de l’Immigration, du bateau à mendier, au logement, aux papiers, aux paroles très efficaces :

« Tu vas voir c'est très marrant on va changer d'pays
Chez nous c'est pas facile, notre cabane est en bois
On va prendre un bateau y a pas d'place pour papa
C'était très rigolo les gens jouaient à tomber dans l'eau
Je sais qu'ils faisaient semblant, je l'sais j'suis pas idiot »

qui termine le dernier album.

 

Retour au Salvador où ils ont découvert «  La Pupuseria » que l’on mange et boit et qui eut sur le chanteur des effets secondaires qu’il préfèrerait oublier avec une blonde, et revenu tout nu le lendemain !

Peut-être a-t-il joué à la blonde une autre chanson « Soulève ta jupe »  « on passera la barrière ou je passerai par derrière » qu’ils chantent toujours « dans l’espoir de filles en jupe » !

Autre chanson coquine qu’ils n’ont pas chantée, depuis leur premier album ils aiment être « Le loup dans la lingerie » (https://www.youtube.com/watch?v=v7KMOrp_62U)

Généreux, Karpatt invite Les Escrocs pour le final Karpattescroquesque, le guitariste au cornet, le clavier à la clarinette et le percu aux percus pour une reprise de Caravan de Duke Ellington façon Klezmer chantée en chœur avec le public.

Ils finissent par une jolie ballade, « Nos enchanteurs »  « Ne t’inquiète pas ma fille » pour lui dire  lors du deuxième enfant qu’ils ne l’en aimeront pas moins. Sujet original, tendre et joliment traité.

Bref encore une bonne soirée avec deux bons groupes à L’Espace Culturel Django Reinhardt !

Jean Daniel BURKHARDT