Pour le coup d’envoi du 31ème Festival Jazzdor, Alex Dutilh de France Musique faisait son émission Open Jazz en direct du Café de la Cité de la Musique et de la Danse.



Il y invitait le pianiste Cubain Gonzalo Rubalcaba,qui s’est produit le soir même à l’auditorium pour un Hommage au contrebassiste Charlie Haden et Philippe Ochem, directeur de Jazzdor depuis 31 ans.



Gonzalo Rubalcaba fut généreux en souvenirs : Il rencontra Charlie Haden en 1986 à Cuba. Charlie Haden y jouait avec son Liberation Orchestra et Gonzalo Rubalcaba avec son propre groupe. Haden lui a proposé de rester, puis alla lui parler en coulisse et lui dit « Il faut absolument qu’on joue ensemble!» puis l’a présenté au label Blue Note et enregistré un premier disque en Espagne.



Gonzalo Rubalcaba a amené son dernier disque « Tribute to Charlie Haden » qu’il jouerait le soir même. Alex Dutilh passa « Our Spanish Love Song » de Charlie Haden “à pleurer mais ne pleurez pas tous en même temps !»



Dans le quartet de Gonzalo Rubalcaba, le contrebassiste est Matt Brewer, le piano volète autour de la contrebasse à la Haden, puis chante à la Keith Jarrett. Matt Brewer arrive, comme Charlie Haden, à égrener « une note après l’autre »,Gonzalo l’a rencontré il y a dix ans.Il cherchait de jeunes musiciens New Yorkais et on lui a conseillé d’aller au Village Vanguard voir Greg Osby et dès le premier set, il a su que c’était lui. Il est confortable avec lui car il peut jouer cubain aussi, pas seulement Jazz !



La veille, c’est Alexandre Tharaud, pianiste classique, qui était invité sur France Musique et il a dit les yeux brillants aimer le « toucher » de Rubalcaba,notamment en solo comme dans 
« Besa Me Mucho » ((déjà enregistré avec Charlie Haden dans « The Blessing », plus reconnaissables avant et  après ses variations. Après avoir montré toute sa vélocité dans
« Circuito », il joue plus de l’économie de notes en solo une à une, « arrachant » dit Duthil, une note après l’autre. Charlie Haden était lui aussi un «maître de ce «less is more » (moins c’est plus). Pour Rubalcaba « Quand il jouait une note, on le reconnaissait,il était tout entier dans chaque note. c’est la nécessité intérieure de communiquer quelque chose de personnel et une prise de risque vitale. Il se moquait de ce qui pouvait se passer, il prenait le risque. Il croyait en ce qu’il faisait. Les gens pouvaient aimer ou pas mais le respectaient à la fin. »



Sur l’album de son saxophoniste Will Vinson, Rubalcaba joue aussi du synthétiseur, aspect plus moderne de son jeu,moins profond mais que j’apprécie aussi.



Will Vinson est anglais mais ils se sont rencontrés à New York alors qu’il tournait avec le saxophoniste Yosvany Terry qui ne pouvait plus faire de concerts. Au bout de trois jours c’était comme s’il avait toujours été dans l’orchestre et il a dit à Yosvany : « Attention car en me présentant un musicien comme ça, je risque de ne plus jouer avec toi ! »



Philippe Ochem se souvient de Charlie Haden l’homme engagé du Liberation Orchestra invité en clôture de Jazzdor et avec son Quartet West.



Alex Dutihl a découvert un autre Gonzalo Rubalcaba en solo sur le disque .
Comme réédition,il propose « Fare Thee Well», extrait de  « Harry Bellafonte Sings The Blues » avec Hank Jones partant dans l’aigu un peu à la Nat Cole avec un bon trompettiste et saxophoniste derrière lui.



Gonzalo se souvient d’avoir vu Harry Bellafonte à Cuba dans les années 70s alors qu’il était tout petit. Il avait un grand succès à la Télévision. Il se souvient de son élégance et beaucoup de charme, il arrivait à dire quelques mots d’espagnol et tout le monde l’adorait.
C’était la seule fois où il est venu professionnellement à Cuba, puis à la fin de sa vie il vint s’y faire soigner.



Le concert de Gonzalo Rubalcaba d’hier soir a été enregistré par France Musique et sera diffusé ce soir dimanche 5 novembre 2016 à 19 h dans Jazz Club.



Gonzalo Rubalcaba va se chauffer les doigts, Philippe Ochem termine l’interview : Aujourd’hui à 15 h on pourra entendre [Noël Akchoté et Mary Halvorson en duo|http://www.noelakchote.org/maryhalvorsonandnoelakchote] gratuit à la Médiathèque Malraux à 15 h,puis avec l’Anti House d’Ingrid Laubrock à 17 h au CEAAC. Le Jazz change par Féminisation avec notamment la pianiste canadienne Kris Davis dans cet Anti House.
Puis à 20 h 30 on pourra entendre Brad Mehldau et Joshua Redman à l’auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse.



Et Dimanche 6 novembre, à 17 h à l’auditorium, deux créations qÖÖlp (les frères Ceccaldi du Tricollectif aux archets violon et violoncelle et la doublette allemande Grauppe guitare et Lillinger batterie) et Brotherhood Heritage : l’hommage de Didier Levallet et François Raulin et les meilleurs souffleurs Européens au Brotherhood Of Breath des années 70 80s du pianiste Sud Aficain Chris Mc Gregor mélangeant Musiques Africaines, Free Jazz, Funk et Fanfares!  Et Alex Dutilh de conclure "Le monde n'a pas seulement besoin de Musique (le slogan de France Musique) mais le Monde a aussi besoin de Fraternité!"

Jean Daniel BURKHARDT

Photos  Patrick Lambin