Je ne connaissais pas cette trompettiste et chanteuse hip-hop américaine JaimieBranch avant de présenter ce concert du 12 novembre mais avais apprécié son premier album Fly or die plus groove  et le second plus roots free et animal (on y croise des baleines  et des oiseaux chiens de paradis hurlants à la lune)  Fly or Die II Bird Dogs Of Paradise  avec un istrumentarium plus contemporain (un peu premier Sun Râ ou Art Ensemble Of Chicago, Great Black Music) qui l’accompagne ce soir-là (Lester St Louis, violoncelle / Jason Ajemian, contrebasse Chad Taylor, batterie) envoyés par Pierre Durr !


10.Ikui Doki & Sofia Jernberg « Suzanne un jour » – Création + ...

Elle arrive en jogging noir a bandes blanches et bonnet! Et crie « Put the lights down and just breath for a second »! D’où ces photos très sombres!Mais je finis par la voir briller comme une étoile, un soleil, à la fin du concert!

Chad Taylor commence par une intro au mbira  certes plus forte dans le noir (il en jouait avec James Brandon Lewis, pas avec ribot), il me rappelle Kahil El’Zabar  et David Murrayà Pôle Sud!  Il est rejoint par la contrebasse aux cordes frappées par une baguette de James Ajemian dans un bel enchevêtrement (comme dans ce Simple Silver Surfer!

Puis Branch à la trompette bouchée! Belle intro! Puis violoncelle a son tour frappé lourd, et dramatique et batterie tinkty-boum de cymbale (Lester Young aimait que ses batteurs jouent tinkty boum, et Jaimie Branch lui a dédié un Lesterlude!) Très fort dramatiquement installant un climat blues dont émerge la trompette qui me rappelle le bluesman et trompettiste OluDara venu sans trompette mais avec guitare a Pôle Sud!

Puis Jaimie Branch chante sa magnifique « Prayer For AmeriKKKa » (qu'elle écrit avec trois K comme dans Klu Klux Klan, comme l’écrivait Jerry Rubin dans « Do It ») a la Janis Joplin (élue mec le plus moche de la fac car anti raciste et qui donna une sépulture a Bessie Smith morte en 1936 !) hip hop puis trompette sans sourdine!    
Jaimie Branch est aussi contre les racistes  « bunch you out racists » et ses musiciens en parlant derrière elle comme des esprits noirs (des victimes de ce racisme aussi) comme dans les Original Fables Of Faubus avec paroles non censurées de Charles Mingus contre le gouverneur Faubus qui refusa l’entrée aux lycée blanc à des noirs, faisant appel à la garde et forçant Kennedy à envoyer l’armée pour la rage  ensuite censurée de ces paroles sur Mingus Ah-Hum!
Et elle joue vraiment bien de la trompette, super Jaimie (désolé c’est la première Jamie que je rencontre et je suis de la génération de l’homme bionique Steve Austin et de sa femme Super Jamie)!

Bon groove « this is a one and only » sur groove basse, pulsation batterie et archet violoncelle! « From Chicago » elle chante et crie puis joue de la trompette mariachi comme sur le thème latin « Nuevo Roquero Estéreo »! « Teenagers »! Toujours cette « Prayer for America » pour les adoricains, parfois racistes ou victimes de la vente des armes en vente libre! Grondements des deux cordes!

Puis ils enchaînent avec « Twenty Three and Me Juppiter Redux », le thème le plus groove et court de cet album que j’ai passé  a la radio qui a la qualité évocatoire de l’espace de la « Rocket N°9 to the planet Venus »!

Puis envolée dans l'aigu de la trompette à la Booker Little avec Eric  Dolphy « live at the five spot »! Puis le son, vivant, animal, amérindien, meurt en hurlement, sanglot, cri de pow wow, hurlementsdes oiseaux chiens  loups du Paradis « Bird Dogs of Paradise » éponymes de son second album présenté ici non sans humour et auto-dérisionquand crissent les cymbales sous l'archet devenu arc, berimbau, corde sur metal des peaux sous la lune pleine autour du feu et Branch au tambourin puis crécelles et soudain a nouveau rythme en beat broken!

« Ok this one is an old one! » (du premier album ?)
Elle peut passet du son grogné au scat « mumble » de Clark Terry à un son clair, puissant et éclatant, très émouvant et entraînant!
Magnifique cohésion de ce groupe aux ambiances longues de suites mais aux thèmes à tiroirs surprenants dans leurs changements d’ambiance!
A l'énergie rageuse succède le silence et la mélancolie mélodique poussée jusqu'au grognement en solo rejoint par les cordes vibrées dont une au son d'harmonica blues!

Encore l’intro de quelque chose qui prend forme successivement entre ces vibrations et la batterie créant une profondeur de champ émotionnel ou retentit la trompette entre Miles et Taylor cinglant ses cymbales de balais de bois très vite!

Jamie Branch porte attention au son, du thème même appelé Thème 01 à la mélodie, mais aussi auX sonS de trompette sous-marins de bathyscaphe respirant en apnée musicale!
Cela débouche sur une jolie ballade !

Son vibrant a la Chet Baker réverbéré  comme dans «Leaves Of Glass » puis part en fanfare sur les cordes et batterie latine!
Le rythme me fait penser "this train was bound for glory" gospel  que chantait Sister Rosetta Tharpe repris en country par Johnny Cash, Roy Orbison et Jerry Lee Lewis sans piano,  Jaimie tambourin frappe un tambourin sur sa cuisse retrouvant l’origine gospel du blues, puis archet de violoncelle, cordes de contrebasse soutenant la trompette!  

Taylor continue seul sans Branch par des roulements et ras, puis accélère sur la contrebasse et pizzicato aigu du violoncelle! Puis trompette brillante, (elle rit et danse devant la scène)  

 

Cette rythmique à deux cordes permet un groove qui se reprend de plus en plus puis se calme en duo de cordes aigus pour le lyrisme acide de « Love song for asholes and clowns » qui malgré ce titre « Chanson d’amour pour les trous du cul et les clowns » un peu « requiem pour un con » est une superbe mélodie!
Puis soudain trompette criée au plafond en contraste et chant poussé jusqu'au cri, fait chanter le public « love song for asholes & clowns » et scatte dessus!

Et elle finit par un thème bop rapide, à la « Unicorn »  de Dizzy ou plus tardif? Non c'est l'intro d'un de ses bons thèmes rythmés, sur violoncelle vièle morin khuur mongole et solo de contrebasse puis archet violoncelle! Un thème mongol et mariachi monriachi ou mariagol?  
« Love each other take care. Of each other fuck the police » comme ici « be kind to anybody » au Poisson Rouge malgré  sa crête punk il y a deux ans!

Hip Hop ? Hippie Bop ?  En tous cas je l’ai adorée pour ce mélange de révolte justifiée et d’amour universel dont on a bien besoin par les temps qui courent, et d’humour!

Jean Daniel BURKHARDT

photos ratées, flou artistique, sombres, ratées, abstraites ou soleil scénique de moi

Photos   magnifiques, noir et blanc et couleurs de Patrick Lambin