LA TROMPETTISTE HIPPIE HOP JAZZ JAIMIE BRANCH JOUE « FLY OR DIE II : BIRD DOGS OF PARADISE »
Par jean daniel burkhardt le mercredi, avril 15 2020, 12:30 - JAZZ - Lien permanent
Je ne connaissais pas cette trompettiste et
chanteuse hip-hop américaine JaimieBranch avant de présenter
ce concert du 12 novembre mais avais apprécié son premier album Fly or die plus groove
et le second plus roots free et animal
(on y croise des baleines et des oiseaux chiens de paradis
hurlants à la lune) Fly or Die II Bird Dogs Of
Paradise avec un istrumentarium plus contemporain (un
peu premier Sun Râ ou Art Ensemble Of Chicago, Great Black Music) qui l’accompagne
ce soir-là (Lester St Louis, violoncelle / Jason Ajemian, contrebasse Chad
Taylor, batterie) envoyés par Pierre Durr
!
Elle arrive en jogging noir a bandes blanches et
bonnet! Et crie « Put the lights down and just breath for a second »!
D’où ces photos très sombres!Mais je finis par la voir briller comme une étoile, un soleil, à la fin du concert!
Chad Taylor commence par une intro au mbira certes plus forte dans le noir (il
en jouait avec James Brandon Lewis, pas avec ribot), il me rappelle Kahil El’Zabar
et David Murrayà Pôle Sud! Il est rejoint par la
contrebasse aux cordes frappées par une baguette de James Ajemian dans un bel enchevêtrement
(comme dans ce Simple Silver Surfer!
Puis Branch à la trompette bouchée! Belle intro!
Puis violoncelle a son tour frappé lourd, et dramatique et batterie tinkty-boum
de cymbale (Lester Young aimait que ses batteurs jouent tinkty boum, et Jaimie
Branch lui a dédié un Lesterlude!) Très fort dramatiquement installant un climat blues dont émerge la trompette
qui me rappelle le bluesman et trompettiste OluDara venu sans trompette mais avec guitare a
Pôle Sud!
Puis Jaimie Branch chante sa magnifique « Prayer For AmeriKKKa »
(qu'elle écrit avec trois K comme dans Klu Klux Klan, comme l’écrivait Jerry Rubin dans « Do It ») a la Janis Joplin (élue
mec le plus moche de la fac car anti raciste et qui donna une sépulture a
Bessie Smith morte en 1936 !) hip hop puis trompette sans sourdine!
Jaimie Branch est aussi contre les racistes « bunch you out racists » et ses musiciens en parlant derrière
elle comme des esprits noirs (des victimes de ce racisme aussi) comme dans les Original Fables Of Faubus avec paroles non censurées de Charles Mingus contre le gouverneur Faubus qui refusa l’entrée
aux lycée blanc à des noirs, faisant appel à la garde et forçant Kennedy à
envoyer l’armée pour la rage ensuite censurée
de ces paroles sur Mingus Ah-Hum!
Et elle joue vraiment bien de la trompette, super Jaimie (désolé c’est la première
Jamie que je rencontre et je suis de la génération de l’homme bionique Steve
Austin et de sa femme Super Jamie)!
Bon groove « this is a one and only »
sur groove basse, pulsation batterie et archet violoncelle! « From Chicago » elle chante et crie
puis joue de la trompette mariachi comme sur le thème latin « Nuevo Roquero Estéreo »! « Teenagers »! Toujours cette « Prayer for America » pour
les adoricains, parfois racistes ou victimes de la vente des armes en vente
libre! Grondements des deux cordes!
Puis ils enchaînent avec « Twenty Three and Me Juppiter Redux », le thème le plus groove et court de cet album que j’ai passé a la radio qui a la qualité évocatoire de l’espace de la « Rocket N°9 to the planet Venus »!
Puis envolée dans l'aigu de la trompette à la Booker Little avec Eric Dolphy « live at the five spot »! Puis le son, vivant, animal, amérindien, meurt en hurlement, sanglot, cri de pow wow, hurlementsdes oiseaux chiens loups du Paradis « Bird Dogs of Paradise » éponymes de son second album présenté ici non sans humour et auto-dérisionquand crissent les cymbales sous l'archet devenu arc, berimbau, corde sur metal des peaux sous la lune pleine autour du feu et Branch au tambourin puis crécelles et soudain a nouveau rythme en beat broken!
« Ok this one is an old one! »
(du premier album ?)
Elle peut passet du son grogné au scat « mumble » de Clark Terry à un son clair, puissant
et éclatant, très émouvant et entraînant!
Magnifique cohésion de ce groupe aux ambiances longues de suites mais aux thèmes
à tiroirs surprenants dans leurs changements d’ambiance!
A l'énergie rageuse succède le silence et la mélancolie mélodique poussée
jusqu'au grognement en solo rejoint par les cordes vibrées dont une au son
d'harmonica blues!
Encore l’intro de quelque chose qui prend forme successivement entre ces vibrations et la batterie créant une profondeur de champ émotionnel ou retentit la trompette entre Miles et Taylor cinglant ses cymbales de balais de bois très vite!
Jamie Branch porte attention au son, du thème même appelé Thème 01 à la mélodie, mais aussi auX sonS de trompette sous-marins
de bathyscaphe respirant en apnée musicale!
Cela débouche sur une jolie ballade !
Son vibrant a la Chet Baker réverbéré comme
dans «Leaves Of Glass » puis part en fanfare sur les cordes et
batterie latine!
Le rythme me fait penser "this train
was bound for glory" gospel que
chantait Sister Rosetta Tharpe repris en country par Johnny Cash, Roy
Orbison et Jerry Lee Lewis sans piano, Jaimie tambourin frappe un tambourin sur sa cuisse retrouvant l’origine gospel du blues,
puis archet de violoncelle, cordes de contrebasse soutenant la trompette!
Taylor continue seul sans Branch par des roulements et ras, puis accélère sur
la contrebasse et pizzicato aigu du violoncelle! Puis trompette brillante,
(elle rit et danse devant la scène)
Cette rythmique à deux cordes permet un groove qui
se reprend de plus en plus puis se calme en duo de cordes aigus pour le lyrisme
acide de « Love song for asholes and
clowns » qui malgré ce titre « Chanson d’amour pour les trous du cul et les
clowns » un peu « requiem
pour un con » est une superbe mélodie!
Puis soudain trompette criée au plafond en contraste et chant poussé jusqu'au cri, fait chanter le public « love song for asholes & clowns » et scatte dessus!
Et elle finit par un thème bop rapide,
à la « Unicorn »
de Dizzy ou plus tardif? Non c'est
l'intro d'un de ses bons thèmes rythmés, sur violoncelle vièle morin khuur
mongole et solo de contrebasse puis archet violoncelle! Un thème mongol et
mariachi monriachi ou mariagol?
« Love each other take care. Of each
other fuck the police » comme ici « be kind to anybody » au Poisson Rouge malgré sa crête punk il y a deux ans!
Hip Hop ? Hippie Bop ? En tous cas je l’ai adorée pour ce mélange de
révolte justifiée et d’amour universel dont on a bien besoin par les temps qui
courent, et d’humour!
Jean Daniel BURKHARDT
photos ratées, flou artistique, sombres, ratées, abstraites ou soleil scénique de moi
Photos magnifiques, noir et blanc et couleurs de Patrick Lambin