« Step Across The Boder » était il y a 30 ans, un film culte (ici "La Minute du musicien" sur ce film)  de Nicolas Humbert et Werner Penzel où l'on pouvait voir autour le guitariste Fred Frith le regretté Tom Cora, John Zorn, Iva Bittova, le photographe Robert Frank et bien d’autres jouer et parler,  suivis durant 3 ans par Nicolas Humbert et montés pendant un an (un luxe que ne se donne plus le numérique ni le cinéma en « 90 minutes Celuloïd Improvisation »  trouvant une forme cinématographique proche du jazz improvisé e l’époque, et la meilleur introduction à celui-ci qu’on a pu revoir avec Jazzdorau star le 16 janvier en présence du réalisateur la veille du concert.Le film gagna le prix du Documentaire de l’année d’Arte en 1990 !



je découvris ce film  en cassette vidéo grâce mon ami illustrateur Laurent Danzo, comme beaucoup de la scène underground new-yorkaise : Uri Caine, Jim Black, Ellery Eskellyn Trio The Ex, Phil Minton, Pachora etc… Sans lui et ce film ç’aurait été et serait resté pour moi de l’inconnu ou du bruit ! Mais en sortant de ce film, tout peutêtre musique, ou le devient : la réalité, un klaxon d’auto, un couple dansant dans la neige, et aussi des discours engagé de Frith ou Zorn. Pour Frith, devant l’océan d’informations, l’improvisation Jazzystique lui/nous permet de nous reconnecter au réel et à la vie quotidiennne en faisant une œuvre d’art, ponctuée de méditations silencieuses de la nature ! Pendant la projection, j’ai raté la scène d’Iva Bittova jouant avec son compagnon de l’époque le guitariste (et surtout batteur, qui a joué avec Zakarya en 2002 me dit Pierre Durr) Pavel Fajt et un réveil (qui réveilla le guitariste Rick Hannah m’a-t-il dit  et lui ai envoyé cette photo de Fajt!

photo de moi

Mais ce qui m’a touché dans ce film, ce que finalement, hormis quelques expériences d’improvisation pure (racler un câble ? entre les cordes de sa guitare, ou achter du riz, le mettre dans des coupelles sur la guitare et en jouer, les faisant immanquablement chuter !), pour la plus grande partie de cette musique, elle était très accessible : Jazz (chanté ou kazzoé du bout de lèvres avec une joie de vivre communicative), Rock, Pop, Funk, Punk ou Trad (la compagne Japonaise de Frith ou un bébé), que j’aimais déjà, grâce à l’instinct rythmique et mélodique de Fred frith qui rend finalement ses disques accessibles aux fans de toutes ces musiques, grâce à ce film et le disque mythique qui en fut extrait  devenus cultes (mais dont le nom des participants n’apparaissent qu’à la fin du film par choix artistique, qui finalement nous empêche de nous interrompre en disant « ah c’est LUI/ELLE)!


Et le lendemain, sortait un second disque: trente ans après « Step Across The Border », c'est d'après les bandes qu'on croyait  perdues inondées du Nagra (enregistreur à bandes)que Nicolas Humbert retrouva sur ces bandes sauvées des eaux environ 8 heures de musique inédite et enregistré, tout d’abord à une radio Allemande, puis en live sur d’autres sons avec Marc Parisotto ce  disque que Fred Frith, Nicolas et Marc sortaient la semaine dernière sur Rogue Art, « Cut Up the Border »,


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Et Fred Frith jouait vendredi sur ces bandes en live  accompagné de Nicolas Humbert et Marc Parisotto aux consoles!

Sur le premier titre du disque et du concert  « Just call her nagra »,  Frith brosse les pales un hélico vertical sur sa guitare horizontale sur ses genoux (pas comme ici mais il essaie de ne jamais faire deux fois la même chose! Il parlait dans « step across The Border » de l’importance du « feedback », du retour du public citant Henri Cartier Bresson , et au début de ce concert Turinois, il joue sur le bruit des pas du public!

Cependant c’est une jolie mélodie que joue cet hélicoïde floydien non identifiable  dans ses échos sur « Traffic jam » du pont de Wilhamsburg il y a 30 ans () et cris urbains circulatoires qu'il touille d'objets pour faire reprendre sauce ou vie à ces sons d’il y a 30 ans!


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photo Patrick Lambin du clavier à titres du disque de Nicolas Humbert et Marc Parisottto

Sur sa guitare devenue cithare chinoise guzheng trafiquée (https://youtu.be/PkcJYh42XhE?t=938) , le slide puis la brosse a relUIire du pinceau d’un peintre musical repeignant ou découvrant ses strates sonores successives !

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Photo Patrick Lambin

C'est aussi un immense guitariste que Frith qui ensuite attaque ou tapote (https://youtu.be/PkcJYh42XhE?t=1123)  un gong au burin comme les grains de riz sur sa guitare il y a trente ans (https://youtu.be/MEfVXYsgryc?t=4087) en laissant tomber !


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photo Patrick Lambin

Avec la même joie insolente de l'enfance il joue du pouce sur le violoncelle du défunt violoncelliste Tom Cora, répétant alors avec lui au Kitchen de New York (sur le nouveau disque, un nouveau titre inédit « Thank You Tom » permet de le retrouver! Puis ému,, Frith lui  tisse une beau « Stairways to heaven » sur ses fous rires d'il y a 30 ans ou moins, souvent il rit sur ses disques, rire grinçant, gai ou joie enfantine d’avoir fait aux traditions et à la routine un autre mauvais coup ! Il a même composé un « Laughing Matter »  « Whats happening ? » demande  « in thé trafic jam »



Frith a même le « very very » toupet d'y jouer d’une toupie, pour rythmer ou faire tourner l'enfance sur le clavecin paternel Bachant une fugue de son feu son père Donald Frith (ce que j’imagine émouvant pour lui), accompagné d’oiseaux  (séquence enregistrée mais non retenue pour le film qui n’avait retenu que les oiseaux, pour ne pas se laisser aller à l’émotion en public!


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photo Patrick Lambin

Puis, foin de mélancolie jetée au feu il crie, chante , siffle et hurle diphonique (il chantait sur un rythme turc au début de « Step Across The Border » cette « Sparrow Song » et d’ailleurs d’autres chansons du film  sur d'amers indiens d'Amérique pow-wow hululants! Où est la bande, où, le jeu live? On ne sait plus!

Il y a juste cet instinct rythmico mélodique ou toutes les bonnes musiques d'avant, d'ailleurs, d'hier et de demain se rejoignent dans une impro ethno jazz Rock popisante!

« Nights un Tunisia » déclame Un poète, et Frith d'arpèger baroquement , frisant Bill Frisell en frisottant sur les cordes!
Mais très vite le reprend la fièvre de l'expérimentation et des objets de tenter, tournevisser, démonter clameurs et pas de cheval qui le tient! 

Sur les échos industrieux du temps, il tinte des gongs en clochettes mantras (comme sur « Stick Figures »  sur un disque avec le Quattuor Arditti puis joue jouxtant  le silence sur les cloches anciennes des bandes !

Et du plat de sa main c'est lui le cheval samplant son pas puis s'envolant  à la « Cause we ended as lovers »  plus original que Jeff Beck, Fred Frith? Il a comme lui funkysé sévère les «new ways train-train » , steppé across the border, certes plus punk, question de génération, quoiqu’il ai fait du Folk Rock Prog foutrement free et Moyen-Âgeux avec Henry (ici dans une archive de l’ina de 1973 déjà contre les labels, un peu à la Soft Machine, qui commença en même temps que Pink Floyd mais splitta en 1979)  Cow (mais dont il ne retient après-coup que ceci, mais parfois il joue encore ainsi comme dans  Norrgården Nyvla! Pour partir ailleurs ou Beck n'est jamais allé!
Car Frith refuse, s'il le frise par instants, le statut de guitare héro!


Résultat de recherche d'images pour "fred Frith Henry Cow"Fred Frith et Henry Cow



Il le refuse aussi en chantant d’une voix diphonique ou profonde, ou en bidouillant en bricoleur/artisan de génie instantané pour garder cet ancrage au réel immédiat, vibratoire qui pour lui fait l'art comme il le disait il y a 30 ans à la fin de Step Across The Border : « nous sommes abreuvés d’informations par la presse, la télévision! L’improvisation libre est une manière concrète de nous reconnecter au réel !»


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photo Patrick Lambin

En introduisant un câble entre les cordes il y a 30 ans ou en vibrionnant un ressort aujourd'hui sur elles à l’horizontale! En jouant aujourd'hui sur ses échos d'hier ou d'il y a une seconde!



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photo Patrick Lambin


Il reprend le train dont parlait Robert Frank comme d’un mouvement au présent  il y a 30 ans !

Il est resté dans l'inconfort volontaire de ce moment vibrant, en mouvement, comme ce vieux couple dansant pour se réchauffer un jour de neige à New York que Nicolas Humbert eût raté s’il n’était pas arrivé au bout de sa pellicule, passant du « Too Much » à Too Little », du trop au trop peu, expérimentant cette frontière entre le plein et le vide, le tout et le rien, l’être et le néant sur cette chanson d’une innocence harmonique bouleversante!

Une batterie punk terrible ou un tambour taiko énorme,  japonais'norme hors de nos normes ?
Step across thé border laissait aussi des bruits de nature re-bruités au montage! Des bruits réels aussi avant les field recordings ou les films de Cyril Gfeller sur Lucien Dubuis qui le rappellent un peu, comme « Fragment Rythms »
, retour dans une usine où il travaillait pour y jouer une composition qu’elle lui avait inspirée, ou « Second Take » autour d’une séance à New-York avec Marc Ribot, mais aussi un écureuil par la fenêtre, sans l’originalité de l’avoir fait en premier ni la beauté plastique unifiante du noir et blanc! Chaque musicien ou chacun pourrait faire son propre « Step Across » sa propre « Border » !

Un téléphone et un chat qui miaule ! Haco, une amie chanteuse de Frith dans le film? Accompagnée d'un piano, de miaulements et d'échos d’enfants, comme Fred Frith improvisait, il y a 30 ans, un duo de percussions avec un bébé japonais!

Des voix connues ou anonymes, Frith écoute méditativement ce qu'il disait sur Moby Dick le trop plein d'infos et l'art improvisé redonnant prise sur la réalité immédiate, concrète !

Ou jette au sol ses outils comme un costume usé a ne pas, jamais réutiliser pareil !


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Puis il s'éveille en des échos d'électricité prolongeant le temps de samplers a ses pieds sur les clochettes et industries d'hier? Des halètements amoureux ou animaux. Des cris d'enfants ou un bourdonnement entrecoupés de silence dans ce film qui prit son temps 3 ans de filmer et 1 de monter comme on ne le fait plus en numérique !

Jean-Daniel BURKHARDT

Photos  Patrick Lambin