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Vendredi 25 Mai, on pouvait entendre le saxophoniste allemand Peter Brötzmann au Fossé des Treize avec son trio Full Blast composé de Marino Pliakas à la basse électrique et Michael Wertmuller à la batterie.

Né en 1941, Peter Brötzmann est l'un des activistes européens de la Free Music depuis 1967 et son premier disque «For Adolphe Sax» auto-produit

suivi, en l'année suivante de «Machine Gun» (qui n'est pas une reprise d'Hendrix ou méconnaissable) en octet.

On peut lire dans le Dictionnaire du Jazz à son propos: «...il développe un jeu hyper-expressionniste et anti-académique (phrases lacérées, déchirées, hurlées avec une énergie hors du commun)... Même s'il est devenu plus «mélodique», chacune de ses performances demeure d'une violence rare, et son jeu, toujours à la limite de la résistance physique.»

Mais cette véhémence tire peut-être son origine de son enfance pendant la guerre où, disait-il dans un documentaire, il avait vu à peu de temps d'intervalle, des soldats Russes puis Allemands enfermés dans le même enclos. Il a été de tous les combats, contre l'Apartheid avec Fuck De Boers, et se produit parfois avec un écriteau «WE DIDN'T CHANGE THE WORLD, MAYBE THE MUSIC?». Il répond à qui lui demandait pourquoi il joue aussi fort :«Comment pourrais-je jouer doucement alors que des gens meurent de faim en Ethiopie?». Critiqué, Brötzmann y voit «une bonne école de la vie» et aime que la musique le dépasse.

Ce trio est cependant plus proche de ses expériences avec une rythmique Rock de Last Exit avec le guitariste Sonny Sharrock à la guitare, Bill Laswell à la basse et Ronald Shannon Jackson à la batterie.

Je l'ai vu à Jazzdor avec son trio avec William Parker à la contrebasse et le batteur Hamid Drake qu'il découvrit dans un groupe de Funk et engagea (le solo et chant de Drake étant le moment de répit du concert), puis en Tentet avec 10 autres musiciens, un jeune et un vieux musicien doublant chaque instrument. J'avais l'impression que le Boeing me passait dessus, cloué au siège!

Vous l'avez compris, un concert de Peter Brötzmann est une expérience des limites du supportable!

Il est habillé très chic, pantalon maintenu par des bretelles, style Bavarois, et fume le cigare.

Brötzmann  commence tout de suite sans fioritures à la Albert Ayler qui provoqua les mêmes critiques aux Etats-Unis) (qui avait plus d'humour) ou le dernier Coltrane (plus spirituel) sur le rythme ou plutôt le grondement, la rumeur de colère bruissante des roulements de la batterie faisant trembler le sol de la scène à nos pieds.

Au bout de quelques minutes, Brötzmann est déjà tout rouge à force de souffler mais on se demande quand il respire!

Le jeu de la basse est peut-être le plus mélodique des trois, quoiqu'il semble juste passer continument d'une corde à l'autre avec des rebonds de golpe sans slap.

Brötzmann riffe comme s'il voulait atteindre la même note, jouée de plus en plus fort.

A un moment, on croit reconnaître un peu de l'Alabama de Coltrane composé après la mort de 4 fillettes noires le 4 septembre 1963 lors d'une attaque à la bombe d'un église noire par le Klu Klux Klan, puis plus tard «I'm Left Alone» par Abbey Lincoln.

Peut-être Brötzmann a peut-être besoin d'être «tenu» par une bonne rythmique comme François Corneloup, difficile en solo, meilleur avec Ursus Minor et en effet je le préfère ce soir là.

En effet, en passant du ténor au soprano (il joue aussi du saxophone baryton mais heureusement pas ce soir), on pourrait presque lui trouver un certain lyrisme, ce fut presque une ballade que le troisième titre joué (toujours sans le présenter, mais après Derek Bailey, on ne présente plus dans le Free Jazz). Au public d'y comprendre quelque chose!

Finalement c'est le projet de Brötzmann que j'ai préféré.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert:

Photos  Patrick Lambin

A partir de demain 5 juin  Jazzdor Berlin

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