Pour cette soirée inaugurant le dernier week end House de Contretemps étaient conviés de super guests House pour cette soirée We Like Christopher Rau spécial Contre-temps avec Saverio, Roan Elia, Brawther et Christopher Rau au Studio Saglio.

La soirée commence à 23h avec Saverio du collectif Strasbourgeois Souldancer résidant du Rafiot Club qui fait danser les premières biches funky aux t shirt Bitch/ Beach sur un «Dancing Together» par une voix de femme.

Puis Roan Elia du collectif Ephémère prend le relais à minuit, un peu plus rythmé, sur lequel danse Julie? une fille en robe de triangulumineuse et écharpe (il ne faisait pas très chaud au dehors ce soir là) pour déjà quelques danseuses agiles et musclées s'échauffent en ce début de soirée entre deux clash bells.

Certains titres font déjà penser à du Christopher Rau dans le côté de plus en plus minimal hypnotique sur une bonne basse.

Saverio revient en ping pong, plus House, Roan Elia enchaîne plus deep, puis avec un beat balle de ping pong rebondissant dans un son lancinant et hypnotique sur une cymbale house.

Une danseuse s'envole déjà bras étendus et une autre prie Namasté les mains jointes et une autre qui chevauche le rythme en battant des bras pour s'envoler tandis que le rythme tempête. Elles amènent leurs good vibes enroulant les percus accélérées sur des basses funkys et une cymbale House obsessionnelle, mais aussi un peu de vent aboyant en rafales avant de retrouver le rythme.

Je retrouve une grande et magnifique punk vêtue de noir déjà vue à Gilles Peterson l'an dernier qui danse très bien la techno avec des poses d'équilibriste poétique dans un gracieux défi à la gravité.

Bref ça monte de plus en plus dans l'obsessionnel et les décibels décident les belles qui arrivent.

Un type fait des tractions dans la Pole Cage, qui devrait être réservée aux filles, heureusement suivi par une sirène liane en short, tandis que les pales de l'hélico musical (un peu le début de "Good Morning Beautifull" au début de Mindbomb de The The) «coupent tranche à tranche l'air épais comme du manioc» comme dans le Sertão de Lavilliers, on entend au loin un steel band ou un rhombe modifié (désolé dès que je vois une fille liane se déhancher en short je me crois dans la jungle par anthropophagie Andradienne tropicaliste Super Bacana!) puis retour pas vers le piège mais le trap (style musical, quoique la trappe musicale aussi se referme sur la fille dans la pole cage!).

Un moteur (ou groupe électrogène si on reste en Amazonie) repart pour la ville sur la basse rythmique House par touches rythmiques où j'ai cru reconnaître «Well You Needn't» de Monk sous des vocaux «You Pro my broll?» , ça devait être un mirage auditif la fièvre délirante de la jungle.

Après avoir vu la fin de leur set, Brawther arrive a 1 h 30, vêtu d'un t shirt HPTY «Avec son patronyme de B-Boy jazz, le parisien Brawther coule ses sets dans le vinyle noir des disques Impulse, des maxis de Larry Levan et des productions sur Prescription Records de Ron Trent et de Chez Damier. On est à la source de la deep house des années 1990, une histoire de l’Art, des clubs et des warehouses de Chicago et de New York, du New Jersey Deep de Black Science Orchestra aux remixes et classic house tracks de Masters At Work. Identifié entre les productions contemporaines du label house parisien My Love is Underground et ses enregistrements sur Balance, sub-label de Prescription, Brawther, adoubé par les anciens, perpétue la flamme du genre et triomphe chez les plus jeunes des clubbers. L’ADN d’une culture et d’un style.»

C'est plus calme, une voix féminine dit «I'm In Tree», tout de suite plus soul à la Larry Levan, héros ou sujet du film Maestro de Josell Ramos diffusé à la Splitmix de Contretemps il y a 3 ans qui allongea les vinyles disco funk comme ce «By The Way You Dance» en house au Paradise Garage (ici son dernier mix à la fermeture du club en 1987) pour une transe ininterrompue d'une chanson à l'autre!

Le dance floor s'est rempli avec son arrivée. Et je revois pour la danseuse turque Sevi pour la troisième fois (c'est là qu'elle me dit son nom, «Aimée» en turc) et elle danse toujours aussi merveilleusement. Les garçons adorent danser avec elle, mais elle est plus à sa danse, moins intéressée par eux qu'ils ne le croient, ce qui est magnifique à regarder de loin, cette indifférence de la danseuse.

Le rythme me rappelle un des premiers tubes House que j'ai aimé pour ses synthés rythmiques dans les années 90s: "Show Me Love" de Fred McFarlane qui avait commencé avec Crown Heights Affair en conduisant un «Soul Train Dancin» puis avec le même riff voix/clavier  «Dreamin' A Dream», passé par la disco et remixé en 12'' par Larry Levan  au Paradise Garage) et continué comme clavier de Jocelyn Brown sur ce "Somebody Else's Guy", et est décédé le 4 septembre 2016.

(décédé le 3 septembre 2016) Robin S qui était bien Soul, puis «French Kiss» de Lil Louis et son singe mécanique en délire et une voix chante «You Gotta Love» ou «Show This Spirit», sur bon mix rythmique et vocal aux claviers planants, ces messages d'amour universel passent mieux dans cette douce transe somnambule et addictive, puis plus martelé House!

Finalement me dis-je en l'écoutant, la House c'est Blues des années 80s 90s, permettant à des chanteuses comme Marlena Shaw dans «Woman Of The Ghetto» dans Rose Rouge de St Germain et au jazz de remplir à nouveau nos âmes sur le beat plus urbain de Massive Attack avec la chanteuse Tracey Thorm «So Slow» dans «Safe From Harm», ce qui fait une bonne transition avec la musique peut-être plus abstraite de Christopher Rau.

Un DJ c'est deux métiers: passer des disques (en les modifiant) comme fait encore Brawther ou créer électroniquement sa propre musique comme Christopher Rau. L'un n'empêche pas l'autre évidemment.

A 4 heures du matin arrive Christopher Rau, «force vive de Smallville, label et record shop de Hambourg dans les quartiers branchés de Sankt Pauli, enchaîne ses parcours et ses remixes entre pistes cyclables, microsillons et fréquences numériques, trouvant le sens de ses sets dans les interactions, abstractions, sophistications et réincarnations d’une techno minimale allemande se déjouant des genres. Plan B des nuits de Hambourg sous les noms de Rhythmus Günther ou de Rixdorfer Grau, il multiplie les pseudos, les personnages et les projets chez Hypercolour, Dérive Schallplatten ou Money Sex Records, dans l’esprit et la ferveur d’une dance music contemporaine réinventée dans un jeu d’atmosphères, de pulsions et de douceurs, à l’angle de la deep house de Detroit, du broken beat, du hip-hop et de quelques disco obscurities. Chaleureux et passionnant.»

Forcément ses disques et mixes radio sont beaucoup plus calmes,  plus à écouter qu'à danser, quoique les claviers sweeeets, scintillants et stellaires apaisent le tempo comme les oiseaux sur la plage d'Ibiza (utilisés à la fin d' «RG En La Casa») se mêlant aux voix comme dans «Always The Same» sur son album «Asper Clouds».

C'est du Jazz 2.0 qui en garde parfois les références, mais en samples vocaux et cuivrés modifiés comme dans «The Cool World», une sorte de film auditif vintage.

En club, sa musique a du Jazz les claviers, du funk les cuivres, de la house les voix soul aux messages répétés jusqu'à devenir compréhensibles («Drop The Bass!») et envahir nos esprits comme subliminaux, des musiques traditionnelles des rythmes tribaux percussifs ou des voix ethniques, des villes échos sonores et mêmes s'il crée sa propre musique aux boucles hypnotiques et envoûtantes, il y incorpore ces éléments extérieurs ou antérieurs en en changeant la fonction première jusqu'à les rendre méconnaissables ou en créer autre chose.

Ces musiques et messages alternent comme des ondes, viennent et s'en vont, s'éloignent ou se rapprochent comme la marée, dans cet univers immersif.

Le nombre des danseurs(ses) augmentent avec l'intensité rythmique et leur transe, comme si leur foule était une pieuvre lumineuses dont il serait le centre et eux les tentacules attirantes. Ken Kesey avait eu cette idée sous LSD à un concert des Beatles avec ses Merry Pranksters ( “I went to see the Beatles last month... And I heard 20,000 girls screaming together at the Beatles... and I couldn't hear what they were screaming, either... But you don't have to... They're screaming Me! Me! Me! Me!... I'm Me!... That's the cry of the ego, and that's the cry of this rally!... Me! Me! Me! Me!... And that's why wars get fought... ego... because enough people want to scream Pay attention to Me... Yep, you're playing their game...” Tom Wolfe, The Electric Kool-Aid Acid Test)

La techno réunit peut-être les deux tendances musicales originelles: le rythme tribal qui fait danser les pieds et les messages qui font danser l'esprit et la mélodie qui fait planer l'âme jusqu'aux étoiles!

Jean Daniel BURKHARDT