Rivertide est le projet solo de Sylva voix, guitare, sampler et loops qui publie ses petites cartes postales émotionnelles. C'était son premier concert public après une recréation privée chez Dominique Klein, au Mc Carthy, et elle l'avait annoncé ainsi:

« C'est de(ux) main(s)
De l'acoustique
Du texte
Du folk song
De l'instru
Au Pub mac carthy »

La première rythmique labiale de souffle et de voix de «Je me love dans tes bras» (ou le premier titre) me semble différente cette fois, comme une version roots organique unplugged de « Killing In The Name Of » de Rage Agains The Machine par sa tribu indienne vocale samplée à elle toute seule.

Elle commence souvent par lire un très beau texte qui rappelle Rimbaud, « La Soif » pour nous la donner ou l'évoquer.

Elle continue avec une nouvelle chanson « Home In Bag », que lui a inspirée le cas d'un jeune Albanais menacé d'expulsion :

« But I'm only 15,

But I'm only 15

Eyes Blue

And golden heart.

But I'm only 15

But I'm only 15

Openred mind

In a tiny own.



But I'm only 15

But I'm only 15

Home in a bag

Blood in a flag »

L'innocence de la jeunesse et l'envie d'apprendre qui devrait être libre et gratuite est injustement confrontée aux lois des hommes. Les candidats à la Présidentielle ont été interpellés sur cette question par une association. Il y a plusieurs élèves menacés d'expulsion en France, certains même sont sans domicile. Est-ce là la Terre d'accueil des Droits de l'homme?

Cette chanson comme quelques autres, a été inspirée par Sylva par des gens croisés. C'est beau aussi de prêter sa voix et ses textes à ces sans-voix. Guitare et voix super !

Michaëlle Pina, chanteuse de Jazz qui parfois il y a dix ou quinze ans m'a sauvé d'une interprète calamiteuse de Billie Holiday en me rechantant les chansons à l'oreille qui je crois ne connaît pas Sylva est par hasard au Mc Carthy ce soir là avec ses amies tapant des mains la rythmique frappée sur la caisse de la guitare répétée par le loop en mode palma'micale flamenca et nous la suivons sans trop nous louper j'espère!

Le public qui pas venu pour Sylva à part nous parlent trop fort derrière nous, d'autres à côté sont venus voir le match de foot mais au moins sans le son mais au moins ne crient pas, même pas « BUUUUT » ou « ON EST LES CHAMPIONS ! » eux au moins, même quand à la mi temps ils sont venus voir !

Sylva s'en amuse avec philosophie sans colère en introduisant ses chansons, s'amuse de ses lapsus «à la louche, à la soupe, mais tout en rondeur » (comme le bordeaux de la commande) !

Elle annonce une reprise « d'il y a 10 ans », « Back to Black » d'Amy Wynehouse. Cette version folk au fil des accords de la guitare folk fait vraiment entendre la chanson autrement, d'abord calme, puis soudain plus rythmée comme des coups frappés à la porte de la caisse claire de la guitare avant un bon solo.

Mais peut-être aussi est-ce la nymphe Echo alcoolique du sampler aux pieds de Sylva.

Sylva s'assied sur un « Un tabouret ? Tamoulet ? » (taboulé tamoul? À voir avec le restau pakistanais du coin !) pour « une autre fichue histoire d'amour » : « Tu me manques » (qui devient dans le flot de la rivière « Tu me mens » une fois sur deux » Et c'est bien le comble de manquer d'un mensonge ! Pire que de manquer d'une vérité !

La voix me paraît mieux encore que la première fois et sur le soundcloud. J'aime bien le souffle continu de la voix insufflé au sampler et la rythmique labiale.

Les accords de guitare au début de la chanson suivante « Love is » me font penser à ceux du début de «The End » des Doors (dont Sylva est une grande fan), mais la chanson dit « Love is the line of the road » et est une jolie chanson folk blues. Celle là ressemble déjà à une « vraie chanson », et bien aimé la guitare.

Elle continue « July » « n'est pas pour les températures presque estivales mais Françoise ou Framboise, une femme rencontrée dans la rue sur un carton. Elle n'a pas assez d'ancienneté pour toucher sa retraite, et ça ne dérange pas son mari qu'elle fasse la manche.» Oui pas de doute on est bien en France !

« OUAIS LA MEUF ELLE TE METS D'DANS » crie une meuf bourrée à la table du fond ! Dans Juillet ? Dans la France ? La Framboise ? La bière aromatisée à la framboise ? En tous cas pas dans July de Rivertide, loin de la rivière, hélas pour nous qui aimerions n'en écouter que le remous.

Trêve de plais-hanterie, même hantée par ces effluves de clameurs alcooliques dissonantes c'est une jolie chanson. Pour nous venger, Micka et moi sans nous concerter en retapons un coup des palma'micales et claquements de doigts que Sylva encourage d'un « Continuez c'est super » avant un super solo de guitare.

On se croirait au « Rick's » dans Casablanca de Curtiz avec Bogart et avec Viktor Laszlo (le personnage pas la chanteuse qui m'en a fait aussi « pleurer des rivières » et des canoës roses) on chanterait La Marseillaise plus fort que les allemands! Ou avec la rivière plus fort que la fille qu'est pas dedans !)

Rivertide s'en fout pas, mais une rivière ça charrie tous les bois du monde en son courant : « Ah non ça elle est pas dedans la meuf »!

La chanson suivante me fait penser dans ses accords à « Working Class Hero » de John Lennon dont un ami étudiant m'avait écrit le texte en fraude pendant un cours de Linguistique soporifique à la fac, ce qui m'avait fait penser à une autre vie possible même si je l'ai pas vécue! Écoutez le texte !

Là y a une voix de mouette samplée en guest qui fait un peu cuica brésilienne.

Ça fait le père de Jeff, Tim Buckley « Sweet Surrender » ou « Get On Top » au coin du feu avec des percus sur Greetings For LA avec au verso en timbre sa tête sous un masque à gaz comme en 14 à cause des nappes de pollution mauves (déjà).

Ici c'est la pollution sonore de la « fille qui n'y était pas ici, contrairement à Sylva qui y EST) ! On pourrait pas la mettre dedans la meuf ? Ou mettre un masque à gaz avec casque avec Rivertide dedans ! Et pourquoi ce serait à nous de porter un masque à gaz ! Mettez lui un masque à gaz à celle qu'est pas dedans Mais qu'ça gaze! C'est nous les gazés !

Elle continue par une reprise de « Here Comes The Rain Again » de Eurythmics en Folkrythmic ! Je préfère Herythmics à Euxrythmics, moins New Wave, sans boîte à rythme et plus naturelle, et vocalement, elle est plus aiguë et fragile qu'Annie Lennox, avec un beau solo de guitare.

2nd Set


Oui les textes et la musique mériteraient une écoute plus attentive et le livre de poésie qu'a ramené Sylva d'être lu et entendu.

La première chanson me fait penser à « I Got Life » dans Hair « You're The One I Want » dans Grease, je sais plus pourquoi.

Mais après une super intro de guitare c'est une autre reprise d'Eurythmics, « Sweet Dreams ». A l'intro j'aurais jamais pensé que ce serait ça ! Bonne accélération et la chanson prend un côté plus mystérieux, profond et tribal avec sa tribus d'indiennes à elle toute seule!

Suit une reprise de Noir Désir « A La Longue » de 1996 que je ne connaissais pas, bien Blues, plus folk, plus dans l'esprit musical que sémantique avec ces murmures indiens qui font un joli chœur d'échos et de clameurs derrière la Rivertide.

A la longue on ne distingue plus la voix des murmures ou des mots, juste un flot.

« L'heure est grave » dit Sylva remontant le micro pour jouer debout ! A mi-chemin ça ferait « Elvis à genoux » avec la guitare entre les jambes, mais Elle dévisse le pied et le monte !

Ça continue avec « Heart Attack » (ben oui c'est comme ça qu'il a dévissé Elvis!) « debout pour tomber de moins haut ». Le rythme évoque un battement de cœur avec les cordes en oscilloscope et une super voix quand elle arrive, même si je ne comprends pas bien le texte en anglais après « when it causes », mais « faut trouver les fruits dans le yaourt », et on comprend rarement ce que disent les troncs dans une rivière ! Et comme chante Dylan  sur « Blood In The Tracks » dans « You're A Big Girl Now »:

« A change in the weather is known to be extreme
But what's the sense of changing horses in midstream ? »

(Un changement de temps est su pour être extrême

Quel est le sens de changer de chevaux au milieu du courant?)

Bon final de guitare en envolée.

« Voilà au moins une chanson qui parle de la Vie », qui m'a fait penser au refrain (I never gonna dance again) de « Careless Whisper » de George Michael dont j'adore le saxo de l'intro, j'ignore pourquoi!

« Hey Little Girl » lui a été inspirée par Bertille, une rousse aux yeux bleus pétillants, jolie mélodie et paroles d'espoir et top la deuxième voix, comme si Bertille chantait derrière elle!

Jean Daniel BURKHARDT

photos: Emmanuel Viverge