Polaroid3, ce sont Christine Clément (voix, textes, trompette et vocalises), Christrophe Imbs (claviers) et Francesco Rees (batterie, pad, machines et percussions), tous trois membres du collectif Oh et enseignants au CEDIM (Centre Européen d’Improvisation Musicale) où ils se sont rencontrés. En 2007 ils avaient enregistré « One », un premier album plus Jazz et pop sous le nom de Polaroïd4 (Vincent Posty faisant le quatrième à la basse), puis un EP intermédiaire et ces jours-ci est sorti « Rivers », second album annoncé par un clip vidéo du titre éponyme arrangements avec d’anciennes et de nouvelles compositions habillées arrangements des cordes de Clémence Schamming violon, Françoise Coppey-Thibaud alto et Camille Bloch violoncelle arrangées par les trois musiciens et Grégory Dargent. Oudiste de l’Electrik GEM et guitariste de Babx.

L’album s’ouvre sur « A Word Is Dead » sur un texte d’Emily Dickinson sur le fait qu’un mot ne meurt pas naît en étant dit, déjà découvert dans leur précédent EP sans les cordes arrangées par Christophe Imbs (dont c’était la première expérience d’arrangement de cordes) aux claviers nuancés sur une batterie progressive de Francesco Rees.

« Kate » ( est une nouvelle chanson de Christine Clément et l’une des plus belles mélodies de l’album en hommage à la chanteuse Kate Bush sur les claviers très électriques de Christophe Imbs et un arrangement de cordes de Grégory Dargent.

Francesco Rees avait déjà eu l’occasion d’arranger des cordes pour d’autres projets et a composé l’arrangement de cordes rythmique de « Moonghost », l’une des seules chansons d’amour de Christine clément, avec là encore de jolis aigus. Cet album recentre le groupe autour de la chanteuse et des chansons.

Le titre éponyme « Rivers » (qui parle des rivières et de leur trajet jusqu’à l’océan, symbole de vie mais qui peuvent aussi perdre, noyer ou engloutir, a déjà donné lieu à un clip de Philippe Savoir (auteur également des photos) (Nous avons choisi de tourner près de Strasbourg, au Lac Blanc, dans les Vosges, avec une équipe réduite. Il a beaucoup neigé la veille de notre arrivée : une grande chance, mais c’était aussi assez éprouvant pour le groupe qui a dû crapahuter dans la neige durant deux jours par un froid si glacial que même caméras et appareils photo commençaient à sérieusement bugger. Pourtant, au milieu du tournage, un petit miracle c’est produit quand un rayon de soleil à finalement percé le brouillard très épais qui refusait de se lever.Philippe Savoir, interview Poly) filmé au Lac Blanc gelé sous la neige il y a un an. Les costumes s'inspirent librement des Silversterklausen, coutume païenne dont l'origine remonte au 15ème siècle dans le canton d'Appenzell en Suisse. Les musiciens errent dans une atmosphère féérique et onirique portant des masques d’ours et la chanteuse un masque de chat blanc sur les claviers et un magnifique arrangement de cordes.


L’une des chansons les plus fortes de Polaroid3, « You Must Go On » écrite par Christophe Clément pour le saxophoniste Philippe Leclerc, a suivi les métamorphoses de Polaroïd4 : presque punk sur One, puis de Polaroïd3 sur l’EP, a donné lieu à un clip où la chanteuse était peinte en vert et portait une perruque. Ici ils ont ajouté des cordes, une partie de voix samplée à l’envers mais l’énergie demeure jusqu’à la fin.  

«What A Wave Must Be » d’Emily Dickinson (qui disait connaître les vagues par le vent sur les blés sans avoir jamais vu la mer, ayant vécu cloîtrée par la guerre de Sécession) prend une forme plus cristalline que sur One dans ce nouvel arrangement avec cordes et clavier acidulé.

 «The Sign Seeker » est un poème de Thomas Hardy, auteur de « Tess D’Urberville », moins connu pour ses poésies.

«Invoke » est la chanson la plus électro pop rock de l’album (qui rappelle le projet Chip de Imbs et Rees) sur une femme qui attend et avec un phrasé plus rapide et haletant de la chanteuse.

« Mitrovica Bridge » est un souvenir ému d’avoir joué pour des enfants de Serbie pour une association. Ce pont sépare les parties Serbe et Bosniaque qui ne communiquent plus.  


Enfin, « Cachette » d’après Emily Dickinson, était beaucoup plus punk avec son solo à la Phil Minton crié et étouffé. Dans cette nouvelle version aux cordes arrangées par Christine clément , on apprécie mieux la mélodie et le solo au texte rajouté.

Polaroid3 sera en Release Party demain 22 février  à 20 h au Camionneur

Jean Daniel BURKHARDT

 

Ecoutez aussi mon émission Jazzology où je recevais Polaroid3!