Que vois-je ? Le premier disque de mon frère Guillaume Burkhardt contrebassiste à Paris, en sideman d’un batteur, en dehors de ses groupes que je connais déjà NoCuts, Eusebes & Makhimos (https://www.facebook.com/jean.daniel.12914/posts/10159653863429588) , Triolaine et Coda Swing (https://www.facebook.com/jean.daniel.12914/posts/10158089777139588 avec la chanteuse Camille Lacoste (https://soundcloud.com/camillelacoste) et le guitariste Dominique Lopeylaso!

Ils seront en concert le 26 octobre au Sunset Sunside (https://www.sunset-sunside.com/2023/10/artiste/4699/9627/)  :
« 26.10

@The EXTENDED PARAMETERS

Sandra Ellama - flûte ; Philippe Lopes de Sà - soprano & tenor ; Adrien Baudet - alto ; William Fruchaud - piano ; Guillaume Burkhardt - contrebasse ; Paulo Antunes - batterie

The "Extended Parameters" est une expérience trépidante, une rencontre de styles et de culture. Une musique saisissante, singulière et imprévisible, à la croisée des chemins du Jazz, des rythmes contagieux du Brésil et de la musique latine. Dans cette traversée musicale, les sonorités et le jeu des mélodies mis en valeur par les composantes stylistiques ouvrent la voie à de nouveaux espaces d’improvisation. Pour cet album, le batteur Paulo Antunes s’est entouré de la flûtiste réunionnaise Sandra Ellama, du ténor Philippe Lopez de Sà, de l’alto Adrien Baudet et d’une section de connivence avec William Fruchaud et Guillaume Burkhardt.»

L’album dont Paulo Antunes a composé tous les titres commence par une belle ballade «Solstice » avec saxophone alto surfant paisiblement sur la rythmique qui rappelle par sa mélodie de « Chelsea Bridge »d’Ellington ou « Lush Life » de son compositeur Billy Strayhorn

Mais dès «Invocations », le tempo est plus Brésilien, et s’ajoute la flûtiste Réunionnaise entre Eric Dolphy dans « To Her Ladyship » de Coltrane puis Hermeto Pascoal pour les effets contemporains plus criés ou Magic Malik! 


« Cries From The Ocean » commence par un solo de contrebasse à l’archet de Guillaume Burkhardt, puis fondu enchaîné sur le saxophone dans la même tonalité au point de les confondre au début, effet déjà pressenti dans le titre précédent, et très fin piano de William Fruchaud sur le tempo brésilien léger aux balais du leader, quelques « Dolphin Dance » à la Herbie Hancock !

« Esse Vida Segue Assim » («Ainsi va la vie »)  est une ballade Bossa au bon tempo de batterie où la contrebasse fait pousser quelques « Fleurette Africaine » d’Ellington retrouvant  Mingus en trio, et ensuite dans le saxophone sur le piano, le suspense de « Witch Hunt » de Wayne Shorter!


« Las Golondrinas » sont des bateaux vapeurs pour excursions à Barcelone, rappelle le jazz hispanique d’ « Olé Coltrane »  et  me fait penser aux « Mariachis » de Mingus, dans le souvenir embrumé, lointain, prenant congé !


« Passiflore » est presque la première fois qu’on entend Antunes dès le début, sur un tempo original inspiré du Brésil, rappelant un peu Return To Forever et « What Game Shall We Play Today », avec la même gaieté et le même optimisme exotique Brésilien, avec la flûte ajoutant tour à tour mordant ou douceur et un peu de piano rythmique intérieur avant de finir entre les interstices de la contrebasse.


« Among The Living » alterne à nouveau avec une ballade au saxophone digne des grands saxophonistes Ellingtoniens ou Basiens des Bigs Bands, rappelant la montée de Johnny Hodges dans « Passion Flower » d’Ellington, avec aussi un beau duo piano contrebasse sur le tempo aux balais puis les cymbales du batteur, puis un second solo de saxophone plus rapide et Jazz Rock, mais les deux saxophonistes sont de grande classe, à l’ancienne, comme Pierrick Pédron ou Baptiste Herbin parmi les plus jeunes le second ayant été l’élève du premier et capables d’une émotion pré Free Jazz ce qui se fait rare, jusque dans le final.


Plus rythmé est « Queen of Spades » la dame de pique dans un jeu de cartes, et au tarot et aujourd’hui, une femme forte, indépendante, intelligente et dotée d’une pensée stratégique. Le solo de saxophone surfe bien, et la rythmique évolue bien par une jolie mélodie sur les roulements de la batterie prolongeant le plaisir avant le retour des saxophones à l’unisson avant un dernier éclat final!

Dernière surprise musicale, le guitariste Pierre-Emmanuel Vecchierini rejoint le groupe pour « Allegories », surprenant d’abord par ses trilles, et l’intégration parfaite de celles-ci dans la rythmique, avec un style rappelant Pat Martino ou plus récemment Maxime Fougères, et grâce à ce nouveau soutien ailé, c’est peut-être le titre le plus «free» dans le premier solo de saxo, mais le solo de piano est tout doux, et les saxos aussi dans le final sur la guitare.


L’album se termine avec « Paradigma », le thème le plus rythmé et gai, sans sacrifier à l’émotion, un peu à la Horace Silver dans « The Natives are restless tonight » , et un saxo qui s’envole à la Jackie McLean mais en restant fidèle à la mélodie, car il n’est pas tout de nous envoyer dans les étoiles, encore faut-il assurer le voyage retour vers la planète Terre !  

Bref, cet album allie très bien l’idiome du Jazz par les ballades alternant  avec les rythmes brésiliens dansants dans les titres plus rythmés !

Ce disque est si beau qu’il ne semble pas récent, rappelle plus ceux d’Horace Silver ou Art Blakey, voire d’Ellington !  

S’il est compositeur de tout le répertoire, Paulo Antunes est un de ces batteurs coloriste qui ne se met pas trop en avant quoique le volume sonore de son instrument le lui permettrait en terme de volume sonore, préférant jouer avec les autres pour servir sa musique comme Dré Pallemaerts, ce qui fait de nos jours du Jazz un des plus beaux exercices de démocratie musicale en direct! 

A voir sur scène et acheter le 26 octobre au Sunset Sunside !

Jean Daniel BURKHARDT