A la Paroisse Protestante de la Cite de l'Ill de la Robertsau, mon vieux camarade de théâtre et radio Joachim Trogolo qui en est l'un des pasteurs



lisait des poèsies sonores avant le concert de Luanza (saxo clarinette percu, pédales d'effets et laptop) d'après André Dumas, théologien contemporain, extraites de 101 prières disponible à la Librairie Oberlin!

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Steeve Eton alias Luanza l'accompagne à la clarinette entre Sclavis et tremblement sonore klezmer amplifié d'effets:

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«Tu nous commandes d'aimer Et nous ne pouvons aimer sur commande.» (…) «Or nous ne savons pas nous émouvoir pour ceux qui ne nous attirent pas et ne nous enchantent pas.» (...)

«Parlons-nous de la même chose, quand nous disons:aimer? Sais-tu assez combien l'amour est un élan inattendu, un attachement entêté, jusqu'à devenir une passion meurtrière?» Quelle tolérance et connaissance de l'humain, pour un théologien!

«Ou l'erreur est—elle de notre côté, [et faut-il appeler amour...cette passion sans maladie mensongère que tu sais pratiquer avec chacun de nous et avec l'humanité toute entière!» Par cette réciprocité, il nous rend Dieu plus proche et presque humain.

Nous trébuchons entre ce que nous appelons amour et ce que toi-même tu as pratiqué comme amour envers nous! (…) nous préférons trébucher que tricher.» Quel mélange de confiance revigorante en l'homme et d'humilité!

«Apprends-nous a aimer de tout notre être, entièrement. Donne nous des coeurs entiers (…) constants (...) et libres.» Apprends-nous à aimer nos adversaires, non par point d'honneur chrétien, mais par imitation tâtonnante de ce que toi-même as fait pour nous.»

Je crois y lire le même défi pour l'homme que Nietzsche (que Jo aimait plus que moi) dans De L'Amour du prochain dans Ainsi Parlait Zarathoustrapoussé jusqu'au lointain qui aurait retrouvé sérénité et amour pour l'humanité en retrouvant Dieu et lui-même comme Huysmans.

Luanza joue aussi au saxophone alto

"Il y a place dans ton histoire pour l'enchantement et pour la chute, pour la repentance et pour le pardon, pour le courage et pour l'espoir, mais il n'y a jamais de place pour le regret!»

«Tu es celui qui se débrouille pour convertir le mal, qui reste le mal, dans le bien que nous pensions impossible.» Là c'est aussi puissant que, chez les juifs, Gog et Magog (le mal pour un bien), car la question du Mal permis est peut-être de celles qui pourraient nous détourner de l'idée d'un Dieu positif pour un Dieu sadique comme Kierkegaard dans Crainte et Tremblement imagine Abraham devant sacrifier son fils Isaac pour Dieu lui dire le couteau à la main «Crois-tu que sois ton père? Je suis un idolâtre? Crois-tu que je fasse la volonté de Dieu? Je fais mon bon plaisir!» et c'est Isaac qui implore Dieu de l'épargner, et Dieu fait apparaître un bélier pour le remplacer.

«Apprends-nous à ne rien regretter de ce que nous sommes, (…) des scandales du monde même quand leur gifle a griifé notre visage!

Apprends nous à ne rien regretter des paradis clos et perdus, même quans nous fantasmons leurs jardins secrets. Comment oserions-nous t'appeler encore l'espérance, si nous installions le regret a ta place.» Quelle tolérance envers le péchè humain! Qui me fait penser au mysticisme compatissant de Kerouac!

La voix de Luanza presque cri dans l’aigu est aussi magnifique.

A propos de l'encouragement divin et humain:

«Auprès de toi, il n'y a heureusement aucun prix d'excellence mais bien heureusement de multiples prix d'encouragement!»

«Il faut peu de choses pour que le découragement envahisse nos châteaux de sable: une ironie ou une dureté, une parole manquée ou une parole appuyée, un silence rongeur ou un silence réprobateur.» (...)

«Nous ne quémandons pas de sucre comme les caniches dans les salons, mais le sel comme les chèvres dans la garrigue.» Là je retrouve un peu le Jo comédien, mimant ces animaux comiques.

Que ton encouragement soit la compagnie!»

Puis Dumas passe à l'introspection: «Tu me connais assez pour ne pas prendre un visage déçu et pour ne pas me décourager par ta désolation! (…) Je ne progresse pas, je me retrouve, par cycles, tel que j'ai toujours été: en proie aux petits démons de l'inquiétude, plus tenaces que les grands démons de l'orgueil, de la violence ou de la haine!» Quelle connaissance de l'âme, et comme cette indulgence prêtée à Dieu donne l'espoir! On n'est presque à La Dernière Tentation du Christ de Kazantzakis puis Scorcese!

«Je me sens vulnérable en comparaison des autres (…) Je constate qu'ils s'affermissent en marchant et que moi je m'essouffle, et parfois je m'affole de devoir marcher, comme si je ne l'avais jamais fait auparavant. (…) Je suis toujours en apprentissage de la vie, alors que j'aimerais désormais jouir de mon expérience.»

Et Dumas assume même sa fragilité «Montre-moi comment la fragilité est aussi une compagne utile, quand elle nous enlève tout piédestal, toute hauteur, et qu'elle nous dispose à l'évidence de la permanence de nos tempéraments.», ce qui m'a toujours bouleversé chez un homme, Kerouac ou Lennon.

Et Dieu lui-même pour lui devient vulnérable: «Toi aussi tu es un dieu vulnérable, car les blessures de ton fils crucifié sont encore au corps de ton fils ressuscité» car vrai homme et vrai Dieu.

(Avec Luanza au son de duduk arménien ou clarinette courte, en fait flûte Tahitienne)

«Il y a tant de choses qui ne sont pas des fautes, mais simplement des difficultés, des nœuds, des vagues, dans lesquelles nous nous sentons emportés ou nous perdons pied, jusqu'à nous noyer, sans savoir pourquoi. (…) Tu ne nous demandes pas de nous repentir pour cela , car tu ne souhaites pas pas que nous jouions la comédie de la contrition, ni la tragédie de l'humiliation. Tu n'es pas l'un de ces affreux dieux qui aiment l'homme fautif, pour pouvoir le sauver!», où l'on touche presque la Psychanalyse (D'ailleurs jeudi soir le psychanalyste fera une conférence sur CRÉATION ARTISTIQUE ET DROGUES WILLIAM BURROUGHS A TANGER par le Dr Melenotte)

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Et pour dernière prière: «Viens alléger la conscience qui s'agite en sa nuit, le souvenir qui remonte comme la vase et comme la bulle.» «Tiens-nous debout, flageolants et pourtant vaillants, convalescents et pourtant guéris de noirceur passée.», magnifique paradoxe, et pour finir avec Michel-Ange ou Saved de Bob Dylan, «Mais tout simplement la légèreté et la force d'un doigt qui fait revivre, ton doigt lie a notre doigt.», rapport presque humain.

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Jo a remplacé péché par erreur dans le texte!

Pour revoir cette poésie sonore, Jo et Steeve seront le 21 décembre au Divanoo à Schiltigheim!

Et le 14 décembre Joachim Trogolo célèbrera à La paroisse protestante de la Cité de L'Ill un Culte autrement orientala 19 h!

Jean Daniel BURRKHARDT