DARREN JOHNSTON'S REASONS FOR MOVING QUINTET FEATURING FRED FRITH!
Par jean daniel burkhardt le mardi, novembre 20 2018, 12:18 - JAZZ - Lien permanent
Mardi dernier 13 novembre au Fossé des Treize avec Jazzdor, le trompettiste free bop Darren Johnston invitait Fred frith guitariste expérimental, le saxophoniste Larry Ochs, le contrebassiste Sébastien Jeser et le batteur Samuel Duehsler au sein de son quintet Reasons For Moving.
Fred Frith (que je n'ai jamais vu sur scène) l'avait invité pour Everybody's Somebody's Nobody joue de sa guitare assis comme d'une table de cordes ou d'effets sonores!
Le saxophoniste américain Larry Ochs, fondateur du Rova Saxophone Quartet me fait penser à Hermeto Pascoal avec ses lunettes teintées et les cheveux longs et blancs, mais Charles Lloyd par son lyrisme!
Frith, après avoir tenu un moment a la guitare à la verticale, s'est remis en mode table d'effets pour résonner avec tout cela!
Le saxo clapote du pavillon en slap tongue percussion labiale sur l'anche! La trompette tient la ligne.
Le batteur Samuel Dueshler s'est levé pour faire monter le rythme, tandis que le contrebassiste joue avec des baguettes de vibraphone!
Et Frith sonne comme leur sitar indien
électrique en Ravi Shankar de l’expérimentation!
Frith fait de la musique avec sa
guitare et tout ce qui lui tombe sous la main, n'importe quoi par le
geste: chaînes sur voire dans les cordes mais y donne (et on ne peut
en dire autant de tous les improvisateurs libres) musicalement un
sens magnifique dans l'effet mélodique produit!
Darren Johnston joue du pavillon de la trompette du doigt circulaire autour d'un bol tibétain utilisé comme sourdine, tandis qu'il souffle en chant diphonique mongol a l'intérieur de sa trompette!
Mais il reprend vite la trompette free bop soufflée normalement! Saxo aussi!
La batterie cingle ses cymbales entre ces appels entre trompette et soprano maintenant!
Le clavier... Non! Il n'y a PAS de clavier! Frith l'imite à la guitare en tirant des sons de fender rhodes l'espace d'un instant des cordes boutons cordes?
Un expérimentateur Frith? Un musicien qui fait de la musique en expérimentant!
Step across the border était le titre du documentaire qui lui était consacre! Traverser la frontière! Entre le son/bruit et la musique? (Je ne sais plus de quoi en fait, des States au Japon car il y est comme ces employés de bureau japonais endormis éreintés et ivres dans le tramway de Tokyo? De leurs rêves? Des siens de jouer autrement? La frontière entre musique, matin, guitare et réveil métronomique sur 2 temps et sa voix violon pour Iva Bittovà!)
Je m'égare car n'ai jamais vu Frith sur scène!
Appels trompette saxo après des échanges free à l'intensité montant progressivement jusqu'au rythme!
Puis redescendant!
Frith met une serviette entre ses mains, ses doigts et les cordes jouant a l'horizontale assis! Et cela sonne comme une cithare sur cadre, un qanun (étouffé) et les doigts rapides sur deux cordes ou gongs indonesiens kapaci sulings accélerants/ décélérants!
Et johnston part sur CE rythme en jazz limite Pachora (j'ai une pensée pour mon ami Laurent Danzo qui m'a fait découvrir Step Across The Border alors que j'étais allergique au Free Jazz! Ochs au saxo est lyrique puis percussif et crie suivi de la trompette, tels deux oiseaux!
Ils arrivent à recréer une musique naturelle par des moyens détournés ou inventifs! Voilà le talent de Frith et ses complices tissent des ambiances ethno jazz world a la Didier Malherbe Hadouk Trio Shamanimal! Mais en Jazz grâce à la trompette free...
... plus qu'ethnique, oriental par les harmonies saxo, sur l'incontestable sol, terre et terreau de la batterie de Duehsler et les éclats solaires des cymbales manipulées d'une baguette et d'un gong par un arc musical!
Après l'air de Star Wars, le saxoyd pioupioute le final oiselé de l'Orient au sopranino ou taragot comme Lloyd?
Bis:
La contrebassiste Joelle Léandre était en première partie avec son Tiger Trio (avec Nicole Mitchell à la flûte et Myra Melford au piano)! Je les ai ratées car c'était mon anniversaire, 47 ans, l'âge de mon idole Jack Kerouac à sa mort!Mais le trompettiste Darren Johnston reprend en bis le tube «Taxi» de Léandre ou sa mélodie aux paroles entendues par des chauffeurs de taxi «Qu'est-ce que c'est votre truc? Un cadavre? Ça pèse lourd quand même!» ou une arme («parfois» disait un tromboniste à la douane)! Je jure qu'il y eut citation de ce truc!
Et Frith joue du plat de la paume ou tranchant de la main sur son
manche en résonances de chocs, frappes et caresses! Un musicien expérimental Frith?
Non un expérimental musicien qui fait de sa guitare une table
d'effets, harpe, dulcimer et toutes cithares ou sitar indien
d'Amérique et jusqu'au clavier électrique, tout cela par le seul
effet produit du son!
Peut-être son but n'est il que dans l'effet et
est-ce moi qui veut «penser», entendre des instruments connus alors
que lui se contente de jouer, faire et moi je veux décrire par ce
que je connais pour vous le faire comprendre, comme je ne connais
rien à la musique pratiquée en acte que son histoire, et en ceci je
refuse: «Je dis : une fleur ! et, hors de l’oubli où
ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d’autre
que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave,
l’absente de tous bouquets. » (Mallarmé, Crise De Vers,
Divagations)!
J'écris maintenant sur mon téléphone, c'est mon expression et instrument, ma participation, ayant appris le langage pour renier la litterature comme verbiage et le langage s'il ne sert a célébrer non moi mais ce que j'aime plus que moi à ce moment de délire et transe mentale!
En ceci je suis un poète exilé.dans la musique condamné et exprimer l'audition par des mots et références qui ne cherchent à exprimer que mon ressenti émotionnel en ce plus d' intensité!
Musique
en construction! Qui montera sur l'échelle? Darren Johnston pour
souffler de plus haut? A moins que Fred Frith ne l'intercale entre les
cordes de sa guitare ou ne décide d'en frotter les frets contre
l'échelle? ça se ressemble un peu le manche d'une guitare et une une
échelle! Le manche d'une guitare est une échelle à six cordes pour les
mains!
Jean Daniel BURKHARDT
Photos Patrick Lambin